Parti il y a cinq ans : Khaldoun Ben Salah, artiste musicien sans âge, émérite et talentueux

Cinq longues années viennent de s’écouler jour pour jour depuis que, le matin du 28 octobre 2016, Khaldoun Ben Salah, enseignant émérite et musicien virtuose, rendit l’âme et quitta ce monde sans avertir ni faire de bruit. L’annonce de son décès tôt le matin réveilla tous ceux qui l’ont connu sur une immense douleur traduisant un tant soit peu la morbidité de la mort et la cruauté de la perte d’un être cher, d’un jeune enthousiaste, plein de vie et de projets.

Dr Ouanes Khligène, illustre musicien, compositeur et éminent enseignant à l’Institut Supérieur de Musique à Tunis écrivait de lui qu’en «musicien émérite et talentueux, Khaldoun était joueur de oûd, de guitare basse et du saz (instrument à cordes pincées de la musique populaire Turque, doté de  trois cordes doubles en métal, appelés baglama). Je l’ai connu en octobre 1997. Il était un musicien parmi les étudiants de l’orchestre de l’institut supérieur de musique de Tunis, dont j’étais chargé de la formation et de la direction.

Sans trop tarder, j’ai déniché son talent et sa virtuosité, en tant qu’interprète et improvisateur. Il était un musicien sans âge, toujours souriant, bienveillant et surtout de bonne éducation.
Il a assuré avec brio et une grande sensibilité, l’interprétation et l’improvisation (taqsim) de la partie « oûd » pour l’enregistrement de ma musique descriptive des deux pièces de théâtre d’Ezzedine Ganoun (Les feuilles mortes et Nouassi).

Khaldoun  possédait de la cavata (c’est la qualité et la quantité de son qu’un musicien peut tirer de son instrument. Elle est l’une des caractéristiques les plus importantes de la personnalité d’un musicien). On peut le reconnaître parmi maints oûdistes, par son jeu du plectre, l’émission du son et surtout la construction et l’univers personnel de sa phrase musicale.(…)

Il aimait être avec ses amis autour d’une bonne table garnie de mets appétissants. Il n’était pas volubile, il écoutait. Il ne portait aucun jugement, ni esthétique, ni technique sur les œuvres des musiciens, entre autres ses amis. Pour lui, la musique c’est la musique. Elle est ni majestueuse ni affreuse. Ce qui m’a rappelé le conte Micromégas de Voltaire (paru en 1752), lorsque le voyageur s’est exclamé en disant que: «La nature est comme la nature. Pourquoi lui chercher des jugements et des comparaisons?».

Pour les mélomanes d’entre vous, voici une composition musicale intiltulée “Rast” de Dr Ouanes Khligène, brillamment jouée au “Oud” par Khaldoun Ben Salah et au “Quanun” par Khadija Afrit.

 

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