Partis Politiques ou club fermés ?

L’opinion publique s’est définitivement détournée des partis politiques, c’est un fait. Elle pense, qu’une fois au pouvoir, les partis politiques n’accomplissent jamais leurs promesses électorales. L’opinion en a également ras-le-bol des alliances contre nature et de l’absence d’éthique politique.
Des politiciens caméléons peuplent les institutions. Quant à ceux qui se disent indépendants, ils virevoltent d’un parti à un autre, le tout avec une absence totale de culture politique.
Résultat : les partis politiques sont totalement discrédités et massivement rejetés par l’opinion générale.
Curieusement, peu de sondages d’opinion ont abordé la crédibilité des partis politiques et des politiciens, mais il est clair que la grande majorité rejette les partis politiques et les considère aussi inutiles que déconnectés des réalités quotidiennes des tunisiens. « Les partis politiques n’ont plus rien à dire », « plus personne ne les écoute », « ce sont des clubs fermés et non des organisations de masse.
En fait, les partis éprouvent de réelles difficultés à attirer de nouveaux adhérents. Ils souffrent tous d’une grave crise de crédibilité et encore plus de légitimité.

Fonction : Dirigeant Politique
La plupart des dirigeants des partis donnent la fausse impression de venir d’un milieu populaire et fustigent à toute occasion la bourgeoisie. Pourtant, ils mènent tous une vie de petits-bourgeois, et non de prolétaires. C’est l’activité politique et le parti qui leur fournit un « levier pour leur ascension sociale ». Ce qui nous conduit à dénoncer le système « oligarchique » qu’ils confectionnent et dans lequel ils exercent leur recherche incessante de la confiscation du pouvoir, toujours et invariablement, par les mêmes profils.

Les électeurs déconcertés.
Pour sortir de ce marasme, plusieurs personnalités proposent d’emprunter de nouveaux chemins. Notamment en impliquant la société civile, les intellectuels et les acteurs locaux. Si les partis veulent redevenir des lieux de réflexion et d’élaboration des projets, il faut qu’ils arrêtent de se servir des militants comme de simples colleurs d’affiches. L’idée fait florès et tout homme politique qui s’empare d’un parti promet d’en ouvrir les portes et même les fenêtres…mais rarement les listes aux élections.
Un paradoxe demeure : si les partis politiques semblent démonétisés, ils gardent toutefois une importance stratégique dans la conquête du pouvoir. En témoigne l’énergie déployée par tous pour reprendre la tête de tel ou tel parti ou en créer un nouveau et s’assurer ainsi un contrôle sur les financements, les investitures et les fichiers militants.

Démocratie de l’opinion
Mais l’évolution du système démocratique a rendu quelque peu désuète cette stratégie. La démocratie de partis a évolué vers la démocratie du public ou d’opinion ce qui a modifié la manière de voter des électeurs. Désormais, ils votent davantage en faveur d’une personne que d’un parti. Ils se manifestent ponctuellement lors du scrutin mais leur verdict est sans appel.
Dans cette démocratie de l’opinion, où médias, sociétés de communication et sondages assurent la médiation entre le peuple et ses représentants, les adhérents et le débat interne ne sont plus d’actualité. Un message passe au plus grand nombre, en utilisant des techniques inspirées par la publicité ce qui explique l’accroissement des budgets de communication et de marketing d’une élection à l’autre.
Ceux qui parviennent à se faire élire sont désormais des individus qui maîtrisent mieux que les autres les techniques de communication, ce que l’on appelle des “figures médiatiques”. Cette nouvelle élite de spécialistes de la communication prend la place des militants et des hommes d’appareil. Ce qui est fondamentalement inquiétant car cela se fait immanquablement au détriment du débat de fond. D’où la stérilité de l’action, une fois que les urnes ont donné leur verdict et que les élus sont face à leurs promesses électorales, qu’ils s’empressent d’oublier. N’y a-t’il pas là matière à penser une nouvelle politique ?

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