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Les appréhensions nourries, après la proclamation des résultats du deuxième tour de l’élection présidentielle sur une prétendue passation problématique des pouvoirs, ont été finalement non justifiées. Les images que nous avons eu loisir à voir, que ce soit à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) ou au palais de Carthage, nous ont confortés et, plus encore, ont constitué un motif de légitime fierté.
En effet, tout s’est passé sans le moindre couac, la moindre fausse note. La Tunisie en est sortie le principal vainqueur, puisqu’aussi bien le président sortant que le président élu se sont pliés de bonne grâce au jeu démocratique offrant au monde entier, la veille du nouvel an, une image valorisante d’une alternance pacifique au pouvoir et d’une jeune démocratie en émergence.
A 88 ans, Béji Caid Essebsi a été intronisé, le 31 décembre 2014, en tant que premier président de la deuxième République, élu démocratiquement au suffrage universel.
Dès le départ, il a voulu se montrer rassembleur, rassurant tout en s’engageant à être le garant des libertés, de l’unité et de la sécurité nationale.
Confronté à une situation économique et sociale difficile et à des défis politiques et sécuritaires de grande ampleur, le nouveau locataire de Carthage a choisi d’être réconciliant, promettant d’«être le président de toutes les Tunisiennes et de tous les Tunisiens », appelant au « consensus entre les partis et entre les composantes de la société civile ».
Conscient, de la nécessité de former une coalition pour avoir une majorité confortable au parlement, il a plaidé pour la réconciliation qu’il a considérée comme la condition sine qua non pour assurer l’avenir du pays. Béji Caid Essebsi aurait-il pu tenir un autre discours ? Pas sûr. Sa marge de manœuvre est étroite et il est conscient qu’il ne peut s’offrir aucun répit au regard de l’urgence de redresser une économie en récession, de l’impératif de répondre aux attentes d’une jeunesse rongée par l’exclusion et le doute et de la nécessité de faire face à la menace terroriste. « Il est de notre devoir de remédier aux problèmes socio-économiques, de réaliser les promesses de la Révolution: dignité, emploi, santé et équilibre entre les régions », a-t-il réaffirmé en substance.
Après un marathon électoral éprouvant, ce que les Tunisiens attendent le plus maintenant des nouveaux dirigeants, ce sont des actes concrets et des engagements clairs. Traduire les promesses en actions concrètes, qui appréhendent le vécu du Tunisien dans toute sa complexité et sa difficulté, se présente incontestablement comme le seul moyen à même de restaurer la confiance et stimuler toutes les énergies productives. Cela pourra se matérialiser à travers la célérité qui devrait marquer le processus de formation du nouveau gouvernement et la qualité de son programme d’action, que ce soit à court ou à moyen termes.
S.R
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