L’Institut National des Statistiques (INS) a précédemment annoncé que le taux de pauvreté a baissé en Tunisie entre 2010 et 2015 de 5,3 points. Une annonce qui, rappelons-le, a fait réagir plus d’un. Pourtant, près de 7 ans après les troubles politiques et sociaux de 2011, force est de constater l’incroyable flambée des prix des biens à la consommation, y compris les plus vitaux, créant un sentiment d’appauvrissement inédit. Il suffit de faire un petit tour dans les magasins et les marchés pour noter ce fait : huile d’olive, dattes, fruits et légumes, laits et dérivés, … Pratiquement tous les prix ont été revus à la hausse.
Politiques et experts ont crié au scandale suite à l’annonce de l’INS. Quoi de plus prévisible après tout : la « pauvreté ressentie » par le citoyen ne cesse de gagner en ampleur d’année en année. C’est ce même citoyen qui, rappelons-le, va (encore) devoir mettre la main dans la poche pour faire face à de nouvelles hausses des prix risquant d’altérer encore son pouvoir d’achat. Le ministre du Commerce, Omar El Behi, l’a d’ailleurs souligné dans son intervention sur Al Watanya 1 lundi 30 octobre 2017 : la version actuelle du projet de loi de Finances 2018 comporte des hausses des prix dans plusieurs produits : alimentations, biscuits, la fameuse chamia, et bien d’autres. « Il faut réduire le déficit budgétaire pour contenir l’inflation et préserver le pouvoir d’achat », a-t-il alors martelé.
INS : peut-on parler de manipulation?
Revenons sur les chiffres de l’INS. Dans une déclaration accordée à l’édition du mardi 31 octobre 2017 d’Assabah, Mustapha Jouili, professeur en économie, estime que les chiffres de l’INS sur la pauvreté manquent de crédibilité, dans la mesure où le pouvoir d’achat a reculé en 5 ans, au même titre que le dinar tunisien sur le marché des changes. « Il existe une manipulation dans la méthodologie du travail. L’INS, en menant ses études, s’appuie sur les dépenses des tunisiens, alors qu’il faut plutôt prendre en considération leurs revenus », affirme-t-il encore.
Il est claire qu’une révision s’impose chez l’INS ne serait-ce, du moins, au nom du droit du citoyen à l’accès à l’information.