Pénurie de médicaments en Tunisie : Les laboratoires innovants dans la tourmente !

Le SEPHIRE est un acteur majeur de l’innovation. C’est un syndicat qui regroupe vingt multinationales de recherche et développement opérant en Tunisie. C’est aussi à travers lui que passent les importations de médicaments de dernière génération. Ces multinationales sont un des piliers de la santé dans notre pays. Il convient de noter que ce sont également des producteurs locaux. En effet, 30% de la fabrication locale provient d’implantations localisées en Tunisie (ou en sous-traitance avec des producteurs locaux).
De nombreux industriels  tels que Sanofi, Pfizer, Servier, Baxter ou Pierre Fabre sont présents via des sites de production tunisiens. Ces laboratoires innovants regroupés sous le SEPHIRE, veulent s’exprimer aujourd’hui pour partager leurs préoccupations qui concernent en premier lieu, les patients tunisiens qui risquent très bientôt, de ne plus trouver de médicaments pour se soigner.

Le non-paiement des médicaments livrés est un réel un danger  pour le patient tunisien.
Depuis six ans, les laboratoires innovants en Tunisie ont accumulé une dette supérieure à 700 millions de dinars auprès de la Pharmacie cntrale de Tunisie. Extrêmement bienveillants durant toutes ces années, les laboratoires avaient espoir que ce problème ne serait que transitoire.
Aujourd’hui, la situation est grave et cet état de non-paiement affaiblit la crédibilité des représentants des laboratoires auprès de leurs entreprises mères.  Ce ne sont pas les injections de liquidités opérées de temps en temps par les pouvoirs publics qui règlent la situation. Le problème est structurel. La pharmacie centrale n’est pas payée à temps par les structures publiques cela se répercute auprès de ses fournisseurs.
Pourtant, les délais contractuels de paiement de six mois accordés aux autorités tunisiennes, sont déjà une exception mondiale. Non respectés, ces délais de paiement peuvent avoisiner les quatorze mois ! Normalement, partout ailleurs, les délais de paiement ne peuvent dépasser les 90 jours.
Il est vrai que les autorités essaient de trouver des solutions,  mais souvent, les fonds qui peuvent être alloués à la santé, sont aiguillés vers d’autres directions pour diverses raisons.
Enfin, les problématiques mondiales n’arrangent en rien la situation expliquée plus haut.  Les approvisionnements en matières premières augmentent de 50 à 160%, les coûts des transports sont multipliés par cinq et ce, sans compter les problèmes de délais. Des pays subissent des pénuries et la Tunisie les connaît déjà.
En Tunisie, l’innovation est en panne depuis de nombreuses années pourtant, cette dernière est vitale. Sans elle, les patients sont soignés avec des produits qui ne donnent pas le meilleur bénéfice, causant ainsi un risque de surcoût des frais de santé dans le moyen et long termes.
Il faudrait savoir que 90% des médicaments vitaux, dispensés à l’hôpital en Tunisie, proviennent de l’industrie innovante qui restera toujours le garant d’une qualité irréprochable et vitale.
Les laboratoires innovants complémentaires des industriels du générique locaux, vont beaucoup plus loin que la simple mise sur le marché d’un médicament. Ils ont également un devoir d’information des médecins et des patients sans compter la responsabilité de qualité et de contrôle permanent. 
Le constat est sans appel : des multinationales quittent la Tunisie et vont vers des pays voisins en raison d’une administration qui n’encourage pas la commercialisation de produits innovants. Les AMM étant délivrés souvent après une longue attente qui peut aller jusqu’à cinq années 
Les laboratoires innovants ont besoin de régler ce problème de paiement avec la PCT qui ne peut plus se contenter de paiement au compte goutte. Il y a nécessité à allouer des fonds à un sujet crucial pour les patients tunisiens à savoir leur droit à la santé.
Les laboratoires innovants ont également besoin d’une Administration qui soit à la fois un accélérateur et un catalyseur à la mise sur le marché de médicaments innovants qui permettent une meilleure prise en charge des patients.
Cette Administration, avec le soutien des laboratoires innovants, devra réfléchir sur le moyen et sur le long terme, en se demandant, par exemple, combien de complications un nouveau médicament innovant va éviter, quel apport bénéfique il aura sur la qualité de vie d’un patient ou dans la durée de vie. Le bien-être et la vie des patients sont en jeu.
Une bonne nouvelle cependant au milieu de cette tourmente. Une information de source digne de foi, vient de nous parvenir, que 60 millions de dinars vont-être débloqués pour couvrir les arriérés en plus de la mise en place d’un rééchelonnement de 22 millions de dinars par mois pour le reliquat des arriérés.
Serait-ce suffisant pour calmer leur impatience et ramener la confiance ?

Nadia Ayadi

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