L’experte internationale dans le domaine de la gestion intégrée des ressources en eau et de l’adaptation au changement climatique, Raoudha Gafrej, a indiqué, dans une déclaration à la radio IFM, que les quantités d’eau stockées dans nos barrages (estimées à 586,335 millions de m3 à la date du 9 août 2024) sont suffisantes pour 70 jours seulement sans prendre en considération les quantités réservées à l’irrigation.
Raoudha Gafrej qui ne cesse de mettre en cause la politique gouvernementale en matière de la gestion de l’eau, a fait savoir que le gouvernement n’a pas jusqu’à aujourd’hui annoncé “l’état d’urgence” en matière de l’eau “alors que nous somme en plein stress hydrique”. D’ailleurs elle a révélé qu’elle avait déjà appelé la présidence de la République à annoncer l’état d’urgence hydrique et à prendre des mesures exceptionnelles, mais sans que ses appels ne soient pris au sérieux.
L’experte internationale a souligné que les pluies qui se sont abattues l’année dernière sur nos régions représentent seulement 62% de la moyenne annuelle tout en exprimant son doute sur l’amélioration de la situation. Car, précise Gafrej, les quantités d’eau que nous pouvons avoir cet automne ne seront en aucun cas suffisantes ni pour améliorer la situation des barrages ni même pour alimenter les nappes souterraines. Pire encore, l’experte qui a dressé un bilan sombre de la situation hydrique dans notre pays, n’a pas écarté le scénario catastrophique en cas d’une nouvelle année de sécheresse. Gafrej n’a pas caché sa profonde inquiétude quant à l’épuisement de la nappe phréatique qui a été surexploitée de manière anarchique.
Remédier à la situation !
S’agissant de remédier à cette situation on ne peut plus compliquée, l’experte largement sollicitée par les médias pour ses analyses pertinentes, a appelé à une gestion rationnelle et méticuleuse des ressources en eau durant les trois mois à venir. De ce fait, elle propose la réduction au maximum des heures d’approvisionnement d’eau potable aux citoyens en tant que solution alternative en l’absence d’indices rassurants. Une solution douloureuse, certes, mais qui a été imposée par la détérioration incessante de la situation hydrique.
Par ailleurs, l’experte internationale a exhorté les décideurs politiques à réviser le code des eaux actuel et à entreprendre des mesures urgentes et exceptionnelles dont l’obligation d’annoncer l’état d’urgence, solliciter les aides financières auprès des institutions internationales pour compenser les agriculteurs (au chômage pour être privés de leurs quotas en eau d’irrigation), mettre en place des stations de dessalement d’eau mobiles pour permettre l’accès à l’eau à tous les citoyens, etc.
Il sied de noter que notre pays prévoit la construction de 7 unités de dessalement d’eau de mer. Une de ces stations, à savoir celle de Sfax, est déjà en exploitation avec une capacité de pompage de 50 000 mètres cubes d’eau dessalée permettant ainsi à réduire le déficit hydrique dans la région. Cette capacité pourrait atteindre 100 000 m3 dans les mois à venir. Deux autres stations, en l’occurrence celles de Sousse et de Gabès (Zarat) entreront en exploitation prochainement.
Med Ali Sghaïer