Le marché pétrolier témoigne encore une fois d’une conjoncture volatile. En effet, pour la première fois depuis avril, le baril de Brent, référence mondiale, a cédé 0,47% à 61,84 dollars, tandis que le brut américain, le West Texas Intermediate (WTI) perdait 0,66%, tombant à 58,85 dollars.
Le cartel pétrolier semble avoir opéré un virage tactique. « L’Arabie saoudite est passée d’une logique de stabilisation des cours à une offensive agressive pour reconquérir des parts de marché », analyse Stephen Innes de SPI Asset Management, dont les propos ont été rapportés par The Cable. La stratégie du cartel pétrolifère reste motivée par les dépassements de quotas de certains membres comme l’Irak et le Kazakhstan, ce qui pourrait se concrétiser dès le 5 juin par une augmentation de production plus forte que prévu.
Il sied de souligner que les prévisions des analystes s’assombrissent. HSBC a révisé à la baisse son estimation pour 2025, tablant désormais sur un prix moyen de 68,5 dollars le baril, contre 73 dollars précédemment. Cette correction intervient alors que les stocks mondiaux affichent une tendance haussière, alimentant les craintes d’un déséquilibre offre/demande.
Le front économique n’arrange rien. Aux États-Unis, le PIB a reculé de 0,3% au premier trimestre 2024, un résultat bien en dessous des attentes et premier signal négatif depuis 2022. « Ce ralentissement, survenu avant même l’application des nouveaux droits de douane américains, présage d’une contraction de la demande pétrolière mondiale », avertit Tamas Varga, analyste chez PVM.
La persistance des tensions commerciales entre Washington et Pékin complique davantage les perspectives. Avec une production qui pourrait augmenter et une demande en berne, les fondamentaux du marché apparaissent particulièrement dégradés. « Ce cocktail explosif maintient les cours sous pression », conclut un trader genevois, alors que le Brent peine à se maintenir au-dessus du seuil symbolique des 60 dollars.
La conjoncture actuelle reste fragile et place les pays producteurs dans une position délicate, notamment le Nigeria dont le budget 2025 pourrait être sérieusement compromis si la tendance se confirme. Les prochaines décisions de l’OPEP+ s’annoncent déterminantes pour éviter un nouvel effondrement des cours.