Peut-on assurer la sécurité alimentaire du pays ?

Le réchauffement climatique d’une part, avec ses multiples impacts sur la qualité et le volume des grands produits de base nécessaires à l’alimentation de la population et la montée en puissance des foyers de tension dans le monde qui agissent sur le niveau des stocks exigibles pour la régulation des marchés, font que les préoccupations de sécurité alimentaire reviennent au 1er plan des priorités des gouvernements.
C’est pourquoi, nous assistons régulièrement à des flambées de prix sur le marché mondial des céréales par exemple, que ce soit le blé, le riz ou encore les huiles végétales  car il s’agit de produits indispensables pour l’alimentation des populations.
Le déficit de notre balance alimentaire est en train de prendre des proportions exagérées pour ce qui est des cinq mois de 2017 : passant de 307 MD en 2016 à 647 MD en 2017, un peu plus du simple au double d’une année à l’autre.
En conséquence. Le taux de couverture des importations par les exportations s’est détérioré entre 2016 et 2017 passant de 79,5% à 67,1%.
Le déficit de la balance alimentaire représente 10% du déficit global de notre commerce extérieur pour les cinq premiers mois de l’année 2017, ce qui est lourd à assumer.
Les experts ont constaté une forte progression des importations de produits alimentaires qui a provoqué de grandes inquiétudes sur la sécurité alimentaire de notre pays.
Réputée dès l’antiquité par sa prospérité agricole (Carthage, grenier de Rome) notre pays est-il en mesure de renverser la vapeur et d’assurer la sécurité alimentaire de sa population avec une balance alimentaire positive ?
La sécurité alimentaire de certains produits agricoles est vulnérable pour ce qui est des céréales où les importations représentent 50% des besoins alimentaires de la population, alors qu’ils sont de 25% pour les fourrages et de 100% pour les aliments composés destinés aux volailles.
L’ITES, en collaboration avec le PAM, a procédé à une étude portant sur la sécurité alimentaire dans ses trois aspects quantitatifs assortis chacun d’un score approprié.
C’est ainsi que pour l’accès à l’alimentation, le score est de 56,7 points sur 100, pour la disponibilité le score se situe à 57,4 toujours sur 100 points.
Alors que pour la qualité, ce même score grimpe à 62,2 points sur 100. L’étude révèle que l’offre alimentaire est suffisante dans notre pays grâce à l’amélioration de la production et de la productivité mais pourtant les importations de produits alimentaires continuent à augmenter et représentent 9,2% du total des importations.
La proportion des céréales dans ces importations de produits alimentaires atteint 43%, loin devant les huiles végétales, le sucre et ses dérivés.
Les principaux risques relatifs à la sécurité alimentaire sont le réchauffement climatique et la régression sensible des ressources naturelles, notamment l’eau.
En effet, à l’horizon 2040, se profile la pénurie d’eau avec risque de perte de 80% des ressources en eau non renouvelables.
En fait, derrière la dégradation progressive des ressources en eau se cachent des processus concomittants, tels que la désertification avec risque de perte de 50% des superficies cultivables à l’horizon 2060, la baisse de la fertilité des sols, l’extension de l’érosion hydrique et éolienne et du morcellement de l’exploitation agricole tous, facteurs de stérilité.
La dépendance de notre pays vis-à-vis des importations de céréales risque de s’accroitre.
Les groupes les plus vulnérables selon l’ITES pour l’accès à l’alimentation, en raison de l’inflation, de la perte de pouvoir d’achat, des conditions économiques (faible taux de croissance) et monétaires (chute du dinar) sont les habitants des zones rurales.
Il s’agit des régions du Centre-Ouest et du Nord-Ouest, notamment les femmes rurales et les enfants.
Il y a des problèmes de nutrition qui affectent aussi la population avec 46% d’obésité et 29% d’anémie d’où le coût élevé de la santé publique.
Parallèlement à cela, il y a le gaspillage alimentaire : 18% pour le pain, 10% pour les créables, 6,5% pour les légumes,…
Une stratégie nationale multi-sectorielle s’impose pour une alimentation saine, une agriculture modernisée, innovante et intensive ainsi qu’une rationalisation de l’utilisation des ressources hydrauliques et en sols.
Il s’agit de favoriser l’investissement agricole pour optimiser la production de céréales car le potentiel d’accroitre les rendements est élevé tout en créant des emplois massifs dans les cultures fruitières et maraîchères destinés à l’exportation. Un intérêt particulier doit être accordé à l’économie d’eau.

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