Comme un rempart qui s’effrite. A mesure que les mois passent, la protection générée par les vaccins diminue. Le fait n’est pas nouveau : aux Etats-Unis, les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies ont tiré la sonnette d’alarme dès l’été. « Au fil du temps, les personnes vaccinées ont plus de chances d’être contaminées par le virus, même si la protection contre les formes graves du Covid-19 reste élevée », expliquait un rapport publié par l’institution.
Une nouvelle étude américaine menée sur plus de 780000 vétérans vaccinés (c’est à dire ayant reçu une dose Janssen, deux doses de Moderna ou deux de Pfizer) vient confirmer le phénomène. Entre le début du mois de février et la fin du mois de septembre, la protection offerte par les vaccins contre l’infection – par rapport à un groupe de personnes non vaccinées – est passée de 87,9% à 48,1%. Plus précisément, au mois de mars, les vaccins Janssen, Moderna et Pfizer affichaient respectivement une efficacité de 86,4%, 89,9% et 86,9%. Six mois plus tard, les performances n’étaient plus que de 13,1%, 58% et 43,3%. « Nos résultats suggèrent que les vaccins sont moins efficaces pour la prévention des infections liées aux variants delta, qui se caractérise par des charges virales plus forte et une transmission du virus avant que des symptômes n’apparaissent », soulignent les auteurs de l’étude.
*Les vaccins restent le meilleur outils disponible
La protection contre les formes graves et les décès diminue elle aussi dans le temps, mais heureusement elle ne chute pas dans les mêmes proportions. Dans ce domaine, chez les 65 ans et plus, l’efficacité atteignait encore fin septembre 73% pour Janssen, 81,5 pour Moderna et 84,3 pour Pfizer. Les moins de 65 ans, en revanche, semblent un peu moins bien protégés avec des performances de 52,2% pour Janssen, 75,5% pour Moderna et 70,1% pour Pfizer. Les auteurs insistent tout de même sur l’utilité des vaccins. Nos résultats montrent que les personnes qui ont mené leur parcours vaccinal jusqu’à son terme ont moins de chances de contracter une forme grave de la maladie et d’en mourir. Ce constat reste vrai quel que soit l’âge (plus ou moins de 65 ans dans l’échantillon), la présence ou non de comorbidités et la période étudiée (pendant ou après la percée du variant delta en juillet dernier). « Les vaccins contre le Covid constituent le meilleur outil pour empêcher les contaminations et les décès », concluent les scientifiques.
Mais ils doivent, selon eux, rester accompagnés d’autres mesures : port du masque, lavage de mains et distanciation sociale pour les vaccinés et non vaccinés ; tests ciblés pour évaluer la progression de l’épidémie, passeport sanitaire, poursuite de la campagne de vaccination chez les adultes et les enfants, incitations fortes à la vaccination dans les entreprises… Bien entendu, la diminution de l’efficacité des vaccins plaide aussi pour l’administration de doses de rappel. « La capacité du vaccin Janssen à protéger contre les infections diminue rapidement. Pour les personnes concernées, l’injection d’une dose de vaccin à ARN messager se traduirait sans doute par une meilleure production d’anticorps et donc des défenses plus durables comme le suggèrent quelques études. Les vétérans de moins de 65 ans sont concernés eux aussi par une baisse significative de l’efficacité des vaccins. Ils bénéficieraient eux aussi des effets positifs d’un rappel. Des résultats préliminaires montrent qu’une troisième dose de Pfizer est efficace à 95,6% par rapport à deux doses suivies d’un placebo », détaillent les auteurs. S’en passer risquerait donc de favoriser une remontée de l’épidémie.
(L’Express)