Pharmacie centrale de Tunisie : Vers la levée des subventions sur les médicaments génériques

Il est évident que depuis sa création, la Pharmacie Centrale de Tunisie joue un rôle crucial dans la fourniture de médicaments essentiels à travers le pays. Mais ces derniers temps, des préoccupations ont émergé concernant sa situation financière et les défis auxquels elle est confrontée.

Lors de son passage, aujourd’hui, sur les ondes de Mosaïque Fm, Mahdi Dridi, Président et Directeur Général de la pharmacie centrale de Tunisie, a dressé un tableau réaliste de la situation actuelle de l’institution.
Il a décrit son état comme « étouffant » mais a souligné que malgré les défis, la situation n’était pas catastrophique, affirmant que des solutions étaient en cours d’exploration pour surmonter les difficultés. « Notre situation est difficile, mais nous ne sommes pas en crise, et nous travaillons à trouver une solution pour surmonter cette situation », a-t-il assuré.
Il a aussi précisé que malgré cette situation, la pharmacie centrale ne souffre pas de problèmes de gouvernance, mais le seul problème est « les budgets financiers » en raison des énormes dettes accumulées par les clients depuis des années. Cette situation a entraîné des retards dans les paiements, dépassant parfois les 270 à 300 jours, bien au-delà des délais contractuels de 180 jours.
« Cela signifie que la fourniture de médicaments est liée au règlement des dettes, ce qui a obligé la pharmacie à établir un programme pour fournir des médicaments, avec les hôpitaux en tête de liste… À cela, on ajoute que 70 % des médicaments hospitaliers sont importés alors que 70 % des médicaments dans les pharmacies privées sont fabriqués localement… Pour nous, la fourniture de médicaments hospitaliers est la plus importante et nous travaillons toujours à fournir tous les médicaments vitaux, même ceux qui n’ont pas une grande valeur thérapeutique », a-t-il encore souligné.
Sur un autre plan, Dridi a affirmé que la question financière est au cœur des préoccupations, avec des dettes liées principalement aux médicaments hospitaliers, notamment ceux traitant le cancer, qui représentent environ 60 % des dettes des caisses sociales envers la Pharmacie Centrale. Pour faire face à ces défis, des discussions sont en cours pour revoir le soutien financier aux médicaments génériques et mettre l’accent sur les médicaments vitaux. Mais malgré cette situation non rassurante, il a souligné l’importance cruciale de garantir l’approvisionnement en médicaments vitaux.
« 60 % des dettes des caisses sociales envers la Pharmacie Centrale sont liées aux médicaments contre le cancer qui sont coûteux et qui pèsent lourdement sur les caisses. Désormais, l’orientation est de cesser de subventionner les médicaments génériques en Tunisie… Il est important aussi de souligner que la Pharmacie Centrale subit des pertes de 200 millions de dinars pour maintenir le prix des médicaments sur le marché, car la pharmacie supporte seule la dépréciation du dinar et n’augmente pas les prix pour les citoyens », a-t-il expliqué.
Sur un autre plan, il a précisé que l’État a soutenu la Pharmacie Centrale avec 200 millions de dinars dans la loi de finances 2024, ce qui l’aidera beaucoup, et qu’ils sont en contact permanent avec les hôpitaux pour rappeler la nécessité de régler les dettes, disant : « Cela nous permet de dire que la situation n’est pas catastrophique… mais les solutions doivent être structurelles, pas temporaires, et elles sont possibles ».
Toujours en ce qui concerne les médicaments génériques, Dridi a assuré qu’il n’y a pas de preuves scientifiques montrant que les médicaments importés sont plus efficaces que les médicaments génériques locaux. Pour ce faire, il est nécessaire de convaincre le public de la valeur thérapeutique des médicaments génériques.
« Il n’y a pas d’études scientifiques prouvant que les médicaments importés sont plus efficaces que les médicaments tunisiens ou génériques. Il est donc indispensable de convaincre les Tunisiens d’abandonner l’idée que les médicaments génériques n’ont pas la même valeur thérapeutique », a-t-il encore précisé tout en niant la perte de 300 médicaments sur le marché.

M.BB

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