Bien sûr, que tout le monde connaît : la citadelle ottomane qui domine la ville et recèle les vestiges d’un fort punique ainsi que les fouilles des quartiers antiques, à leur pied encore que … les visiteurs curieux aimeraient pouvoir être guidés, au moins par un dépliant, durant leur visite : quartier chrétien, aire sacrée, habitations de quels siècles ?
Pratiquement tout le monde est allé acheter du poisson tout frais au marché et l’a apporté dans une guinguette accueillante où on le leur a cuisiné et où on leur a servi des « amuses-bouche » délicieux : fruits de mer, calamar sautés, « trilia » : (rougets mange-tout) bien frits, souvent dans la cour de l’établissement.
Tout le monde, à un moment ou un autre, s’est attablé dans un hôtel connu, au bord de l’eau ou dans une guinguette. Tous les visiteurs viennent à Kélibia en cette saison, surtout, pour se baigner sur de magnifiques plages. À l’ouest, elles s’étendent le long des lagunes, parfois traversées par des chaussées d’époque romaine qui reliaient les différents bâtiments d’une fabrique de « Garum ». Ce condiment, à base de poissons « bleus », macérés dans une saumure aromatisée, très prisé par les Romains, a fait la fortune des villes du Cap Bon, telles que Nabeul / Neapolis, Korba / Curubis, Sidi Daoud / Missua. Le long de la côte est, les plages commencent au pied de la citadelle, et elles remontent vers Ras El Melah et le Mzar émouvant consacré à Sidi Mansour, juste au bord de l’eau. De là, elles s’étendent vers le nord, sur des kilomètres, vers les vestiges antiques de Demna / Oued Ksab et la ville punique de Kerkouane.
Les alentours
Tout cela est parfaitement connu. Mais si on vous proposait de découvrir, dans un rayon de 10 kilomètres : une demi-heure de voiture, sur de bonnes pistes agricoles, des sites divers.
Pour mémoire, sûrement, nous mentionnerons la nécropole à haouanet d’El Harouri et ses « annexes », le long de l’oued Khatef ou au milieu de l’oued El Hajar. Vous êtes certainement allés au mausolée consacré à Sidi Maaouia, patron de la région. Des foules ferventes s’y rassemblent durant le mois d’août. Tout près, allez voir le sanctuaire de Lella Halima, vénérée au point d’avoir donné son nom à une colline voisine.
D’ailleurs, dans le même ordre d’idées, si vous passez aussi à Hammam El Ghezaz, allez jusqu’au mausolée dédié à Lella Mériem. C’est de là qu’il faut partir et se diriger vers la mer. On traversera la sebkha de Sidi Bouzid par le nord ou par le sud et on remontera sur le sable mouillé et solide de l’estran jusqu’au m’zar de Sidi Mansour, veillé par les cris des mouettes et des goélands.
On pourrait vous citer une dizaine de sites : El Gaba ou El Golea où une aire de pressage est installée sur une butte, recélant ce qui a été sans doute un poste de guet byzantin. Le site de Sidi Hassène est situé en contrebas d’une butte qui garde les haouanet de l’oued Hajar. À Sidi Hassène, il subsiste un ensemble thermal antique, plusieurs puits et les vestiges de quatre mausolées, à tour, ruinés.
On pourrait aussi citer Beit El Assa d’El Mansoura. C’est (c’était) un édifice, orienté est-ouest, couvert de voutes en berceau. A 500 mètres à l’est, se trouve Henchir Assaïd qui s’étend sur 1 hectare, au moins. À l’extrémité est, 27 tombeaux, la plupart à « dromos », ont été creusés dans une barre de grès. La nécropole a été coupée par la route. A l’intérieur d’un grand domaine agricole, s’étend le site de Chott Menzel Yahia-Tafkhsit, sur 2 hectares. Une basilique chrétienne dotée de pavements mosaïqués, en particulier celui dédié au diacre Félix, a été, petit à petit, « effacé » par les activités modernes.
Nous avons écrit que le Garum avait fait la fortune des villes du Cap Bon. Aujourd’hui, d’autres centres d’intérêts pourraient attirer de nombreux visiteurs qui enrichiraient la région. Les hôtels et les restaurants, bien sûr, surtout s’ils sont renommés et qu’ils sont capables de conserver cette célébrité mais de nombreux visiteurs modestes ou étrangers semblent préférer louer des appartements meublés plutôt que d’aller à l’hôtel où la maîtresse de maison a fort à faire, pour surveiller sa nombreuse progéniture très tentée par les objets qui garnissent un hall d’hôtel.
Il existe aussi, à notre connaissance – il y en a peut-être d’autres ! – une belle, petite, mais très accueillante, « maison d’hôtes », proche de la plage El Mansoura, appelée Dar Akram. Elle offre trois chambres coquettes, confortables et aménagées avec beaucoup de goût. On y profite d’une excellente soirée et, le lendemain, d’un copieux petit déjeuner délicieux. Nul doute qu’on en entendra bientôt beaucoup parler !
La plongée
Kélibia n’est pas seulement connue pour ses plages, ses voiliers, ses parachutes ascensionnels et ses parties de ski nautique, on y vient aussi, avec empressement, pour « plonger ». Les fonds sablonneux ou rocheux, encore poissonneux attirent de nombreux curieux, tentés par les clubs de plongée.
Fréquenter le « monde du silence » est très simple, ne présente guère de danger quand on respecte ses règles et cela ne réclame pas de capacités physiques exceptionnelles.
Pour commencer, apprenez à fréquenter la zone de 0 à 20 mètres de profondeur. Vous n’y risquez rien et vous allez vous « régaler ». Décontractez-vous au maximum : vous respirerez lentement et consommerez peu d’oxygène ! Évitez de faire du bruit et des mouvements brusques qui font fuir les poissons.
Vêtu d’un léger « juste au corps », relâchez l’air de vos poumons calmement – il va monter en bulles brillantes vers la surface ! – « pédalez » lentement avec vos longues palmes souples, très « rentables » et descendez doucement, à peine lesté négativement, en regardant autour de vous. La surface au-dessus de vous est un voile brillant. Des aiguilles de lumière rayent l’eau et semblent venir du bas, sur les sols sablonneux blancs. Les herbiers, vert sombre, de posidonies ondulent au gré des vagues comme des chevelures.
Au fur et à mesure qu’on descend, les petits poissons de roche : sargues, girelles, « sardouk » disparaissent. De grands sars argentés se faufilent entre les rochers. Des corbs, noirs ou dorés, nagent nonchalamment. Des daurades passent en groupe et s’éloignent. Par contre les « Saupes », rayées de jaune, approchent par bancs entiers, très curieuses. Un beau denté, toujours solitaire, disparait dans une faille. Une murène vient vous voir à l’entrée de son « terrier » tandis qu’un mérou recule dans le sien et qu’un poulpe ajoute un caillou à son « camouflage ».
Parfois, de grandes « ombres » grises approchent. Une paire de grandes « liches amies » (30 ≈ 40 kilogrammes pour 1 mètre de long !) ou bien un gros « limon » au ventre jaunâtre s’immobilise à quelques mètres. Dans l’eau transparente et bien éclairée de la surface, on les voit parfaitement. Puis, d’un coup de queue brusque, ces poissons magnifiques repartent en vous laissant stupéfaits !
Vous voyez qu’il y a encore bien des choses à faire autour de Kélibia sur terre et en mer et nous n’avons pas parlé du tout de pêche à la ligne à terre ou en barque. À bientôt au bout du Cap Bon !
Alix Martin