L’avocat français Philippe Bilger a donné le 19 mars, à la Bibliothèque nationale de Tunis, une conférence organisée par l’Institut français de Tunisie (IFT), sur la thématique «Liberté d’expression : défi ou précaution ».
Philippe Bilger a commencé son intervention, en expliquant la difficulté de définir le concept de la liberté d’expression, tant, le terme est évolutif et complexe. Pour lui, « la liberté d’expression se définit comme une manière de circuler entre des précipices qui vous entourent et en tentant, à la fois, de dire ce que l’on aime, ce que l’on pense, sans offenser les autres ». Il considère que les obstacles à cette liberté sont la tiédeur, la monotonie de la pensée, la peur d’offenser et d’enfreindre la norme.
La liberté d’expression est-elle illimitée ? « Non, bien sûr ! Elle doit se plier à des précautions », a rapidement précisé Philippe Bilger. « Il est difficile d’énoncer ses limites et d’imposer un barrage à l’expression d’une pensée. »
« La liberté d’expression est loin d’être une sorte de trésor à disposition de tous, mais plutôt un immense morceau de viande que chacun essaie de s’en approprier un quartier », a-t-il précisé. Pour lui, il s’agit avant tout d’un trésor républicain qui doit « rassembler ».
Il n’y a pas de vérité scientifique concernant la liberté d’expression, a-t-il cherché à rappeler. En France, « il faut souvent passer à travers un filtre avant d’avoir le droit d’exprimer sa pensée, alors que, ce qui devrait nous déterminer uniquement c’est la vérité ou le mensonge ». Reste que « chacun a sa conception» de ces deux concepts, d’où la difficulté.
Concernant la place de la liberté d’expression dans le monde médiatique, Philippe Bilger l’a définie comme « un droit de sophisme de richesses infinies ». Il a souligné le lien entre l’objectivité du journaliste, quand il s’agit de dévoiler la vérité et sa bonne foi, qui elle, est le plus souvent subjective. Il est aussi revenu, dans son intervention, sur les questions de la diffamation et de l’injure, en notant que « Le journaliste doit assumer sa responsabilité en la matière ».
Rappelons que Philippe Bilger est Président de l’Institut de la parole à Paris ainsi que conseiller en stratégie et psychologie judiciaires. Aujourd’hui magistrat honoraire, il a exercé pendant plus de vingt ans la fonction d’avocat général à la cour d’assises de Paris.
Sarah Kanning