La crise économique battait déjà son plein en Tunisie bien avant le déclenchement de la crise de la COVID-19 depuis mars 2019. La baisse du pouvoir d’achat des citoyens est notable. Et quand on parle du secteur automobile, c’est encore pire ! En effet, un Tunisien a beaucoup de mal à s’offrir une voiture aujourd’hui. Ne parlons pas des voitures « populaires » qui, finalement, n’ont de populaire que leur appellation : dans les 30 000 dinars !
A qui est-ce la faute ? Probablement pas aux concessionnaires automobiles car ils sont les premiers à souffrir d’une tendance qui n’a que trop duré en Tunisie : la sur-taxation des voitures. D’ailleurs, nous en parlions dans l’un des Grands Dossiers de Réalités Magazine, accessible via ce lien. Cette sur-taxation inflige aux concessionnaires et aux consommateurs de lourdes charges financières, rendant le secteur, malgré son potentiel énorme, incapable de créer de la valeur. Malgré tous les appels des concessionnaires et des consommateurs, rien n’a été fait du côté des pouvoirs publics en vue de résoudre le problème. Sur les images ci-après, nous avons une illustration simple de l’impact de la sur-taxation sur le prix des voitures en Tunisie. Les chiffres ont été récoltés par la page spécialisée « El Mekanink bel falagui » (la mécanique au dialecte tunisien, simplifiée).
Une question de volonté politique
Une Toyota Yaris, à titre d’exemple, est taxée à 61%; soit un total d’impôt de 20 308 dinars, sachant que le prix du véhicule hors taxe est d’environ 33 290 dinars. Résultat : environ 53 600 dinars TTC. Pire pour les modèles citadins, censés être plus accessibles pour les consommateurs. Une Renault Clio est taxée à 43%, soit un total d’impôt d’environ 13 681 dinars, pour un prix hors taxe de 31 818 dinars. Le prix TTC est donc de 45 500 dinars… Les exemples sont nombreux comme on peut le voir. Face à cette situation, les concessionnaires automobiles en Tunisie sont bloqués. Leurs appels à l’allègement des droits de douane et à la libéralisation du marché de l’automobile ont été vains, presque oubliés par les autorités publiques. Quant au citoyen, il subit, lui-aussi, ce laxisme des autorités. La preuve ? Dans le cadre de la loi de Finances 2021, un projet de loi sur la simplification de l’acquisition d’un premier véhicule a été rejeté par les députés. Ces derniers ont préféré accorder une certaine facilité à ceux qui veulent se procurer… un yacht. Cela résume tout… ou presque.
Fakhri Khlissa