Plan de sauvetage du tourisme : rien qu’un « effet d’annonces » selon le président de la FTH

C’était en grandes pompes que le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Mohamed Ali Toumi, avait fait part du plan de sauvetage destiné au secteur touristique. Il s’agit d’un mécanisme comprenant, entre-autres, une ligne de crédit de 500 millions de dinars. Nous avons, d’ailleurs, relayé tous les détails nécessaires dans un précédent article.
Qu’en est-il de la réalité ? Le plan annoncé par le ministre est-il le bon compte tenu de la situation catastrophique du secteur touristique ? Tant d’interrogations qui ont été abordées avec le président de la FTH (Fédération Tunisienne de l’Hôtellerie), Khaled Fakhfakh. « C’est une offre de Gascon – ndlr : une promesse qui ne sera pas tenue -, une annonce sans effets, juste pour un effet d’annonces », a-t-il déclaré à Réalités Online ce vendredi 22 mai 2020. Il a assuré, également, que la FTH « n’a strictement eu aucune réunion de travail avec l’autorité de tutelle concernant ce plan ».

Plusieurs interrogations
Le président de la FTH estime qu’il n’existe aucun mécanisme qui oblige les banques à octroyer des crédits aux professionnels du tourisme. « Les 500 millions de dinars, en réalité, sont une garantie qui sera octroyée par la Société Tunisienne de Garantie (SOTUCAR). Ce sont des prêts, et non pas des dons », a-t-il indiqué. Pis encore : comme nous l’avons précédemment souligné, les entreprises classées 3 et 4 par la BCT (Banque Centrale de Tunisie), qui sont en difficultés, sont éliminées du mécanisme.
Plusieurs interrogations ont été soulevées par Khaled Fakhfakh. Il revient, tout d’abord, sur un éventuel mécanisme obligeant les banques à octroyer les crédits aux entreprises. « Existe-t-il ? », s’est-il demandé. Ensuite, il s’interroge sur la forme sous laquelle l’argent du crédit sera versé aux employés (avance, fonds perdu, etc.). « Nous avons besoin de réponses sur ce point », a-t-il dit.

« Des contraintes et des contradictions »
Autre élément qui pose problème selon le président de la FTH : la bonification de 2 points comprise dans le plan du gouvernement. Il faut rappeler, selon lui, que les hôteliers paient déjà 34% pour les caisses sociales – en plus de la retenue à la source. « Autrement dit, nous recevons 2% et nous payons 34%. Sur 1 million de dinars, on touchera plutôt 800 000 dinars. En effet, la SOTUGAR ne prend en charge que 80% du crédit. Les autres 20% doivent être assurés par l’entreprise concernée. Sur ce million de dinars, il y aura donc la retenue sur salaire et les taxes pour la CNSS (Caisse Nationale de la Sécurité Sociale). Tout cela sera donné aux employés. Autrement dit, l’effet est très réduit sur le secteur de l’hôtellerie », a-t-il expliqué.
Il existe, de ce fait et selon le président de la FTH, « des contraintes » et des « contradictions ». « N’était-il donc pas possible de mettre en place un autre mécanisme de financement garantissant un meilleur équilibre entre la banque, l’entreprise et l’employé ? », s’est-il encore interrogé. En fait, poursuit-il, à travers le mécanisme annoncé, les pouvoirs publics vont juste apporter une solution aux ressources humaines du secteur de l’hôtellerie. « Il ne s’agit que d’une façon de sauvegarder le pouvoir d’achat des ressources humaines. L’État aurait pu prendre en charge ces ressources humaines sans donner un millime. Cela aurait été préférable. C’est d’ailleurs ce qui a été fait dans des pays intellectuellement développés. Le Maroc l’a fait », a-t-il encore fait savoir.
Khaled Fakhfakh rappelle, à la fin, que les entreprises classées entre 0 et 2 – en bonne santé – n’ont pas besoin des garanties de l’État pour contracter un crédit auprès des banques.

Khaled Fakhfakh, président de la Fédération Tunisienne de l’Hôtellerie (FTH).

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