Janus est une divinité romaine qui fut représentée avec deux visages tournés en sens contraire.
L’aménageur urbain est un Janus qui s’ignore. Quand il trace une ligne de démarcation urbaine sur une feuille ou plutôt sur un écran – IA oblige – il sait pertinemment qu’il va valoriser l’espace qui se trouve en deçà au dépens de celui qui se trouve au-delà.
Les propriétaires fonciers des dits espaces vont avoir des fortunes opposées.
Une plus-value pour les uns, un mirage pour les autres, en attendant une prochaine extension de l’aire d’aménagement.
Ainsi donc, notre « Janus » a un visage bienveillant pour les gagnants et un visage morne pour les perdants à ce jeu à deux bandes.
Même à l’intérieur de l’espace retenu, le « sort » réserve quelques surprises. Les zones d’habitation et en hauteur n’ont pas, à l’évidence la même valeur marchande que celle réservée aux équipements.
Malheur à ceux qui voient leurs terrains frappés d’une grille de services au profit de la communauté.
De même que ceux dont les propriétés, nues ou construites, sont frappées d’alignement.
L’épithète frappé est en soi assez significatif sur les retombées financières pour les ayants droit.
Cette ébauche d’une planification ouvre généralement la boite de Pandore en suscitant des requêtes, des actions en justice sans parler des affaires du lobbying auprès des décideurs.
Tout ce charivari prend du temps qui comme disaient nos ancêtres est « une épée, si on ne l’abrégeait pas elle vous annihile ».
Pourtant des solutions justes et judicieuses existent.
Pourquoi ne pas imaginer l’émergence d’un système de péréquation foncière qui mettrait tout le monde sur le même pied d’égalité et de légalité. Une fois que les règles du jeu sont clairement posées les retombées du « sort » quelles qu’elles soient, sont amorties.
Les deux visages de notre « Janus » n’en feront alors qu’un.