Des masques par millions continuent d’arriver en France en provenance de Chine pour faire face à la pénurie et à l’accélération de l’épidémie, qui entre dans une phase particulièrement difficile.
Une nouvelle cargaison d’une dizaine de millions de masques médicaux acheminés par avion cargo dans le cadre du pont aérien entre la Chine et la France a été déposée sur l’aéroport Paris-Vatry (Marne) lundi après-midi. Une centaine de gendarmes ont été déployés pour sécuriser l’aéroport et escorter les convois vers les dépôts. Seize vols sont déjà programmés sur cet aéroport, pour desservir notamment le Grand Est.
Un premier chargement, transporté par un avion d’Air France, était arrivé dimanche à l’aéroport de Paris-Roissy. Dans le cadre de ce pont aérien, la France attend la livraison d’un milliard de masques répartis sur 14 semaines, au rythme de deux livraisons par semaine, a précisé le ministère de la Santé qui a commandé « plus d’un milliard de masques ».
Le pays a besoin de 40 millions de masques par semaine et n’en fabrique que 8 millions, selon le ministre, Olivier Véran.
Les soignants sont en première ligne dans cette épidémie qui vient de faucher un sixième médecin, un praticien hospitalier à Metz (Moselle). « Plusieurs » autres sont en réanimation, a indiqué la direction de l’hôpital sans autres détails.
Mais les policiers et d’une manière générale de nombreux salariés réclament eux aussi des équipements de protection. Le syndicat Alternative Police CFDT a lancé un appel aux dons pour doter les policiers et, selon SUD-PTT, « au moins » 10.000 employés des Postes ont exercé leur droit de retrait.
« Pour l’instant, les patients sont stables, mais quand ils se dégradent, c’est très rapide… » a témoigné à l’AFP un infirmier à Bordeaux qui a requis l’anonymat. « C’est assez choquant pour un soignant de voir un patient encore capable de communiquer et, deux heures après, on les envoie en réa car ils manquent d’oxygène et commencent à tomber dans une sorte de coma. Pour les équipes, c’est assez angoissant, ça veut dire qu’il ne faut pas qu’on passe à côté du moindre signe de dégradation. »
Dans son unité Covid, qui a une capacité de 16 lits, 12 étaient occupés dimanche contre 5 mercredi.
En région parisienne, « le pic est prévu pour plutôt la fin de la semaine », a estimé Stéphane Gaudry, professeur de médecine intensive à l’hôpital Avicenne de Bobigny. Sur France Inter, il a déploré le non-respect du confinement en Seine-Saint-Denis, l’un des départements les plus pauvres de la France et, selon lui, « une des raisons pour lesquelles, (il) est très touché ».
Selon le dernier bilan publié dimanche soir, le coronavirus a causé 292 nouveaux décès à l’hôpital en 24 heures, portant le bilan à au moins 2.606 morts depuis le début de l’épidémie courant janvier. Plus de 4.600 patients sont placés en réanimation.
*Comment le gouvernement veut doper la production de masques made in France
Hausse des qualifications de prototypes de masques, importations accrues de matériels… Face à la pénurie de masques, l’exécutif tente de booster les initiatives afin de favoriser la production sur le sol français.
*25% des marchés alimentaires vont rouvrir en France
Un quart des marchés alimentaires de France, couverts ou de plein air, vont rouvrir cette semaine en respectant des protocoles sanitaires stricts face à l’épidémie de Covid-19, ont annoncé lundi la Fédération des marchés de France et le ministère de l’Agriculture.
La grande majorité des marchés rouverts comptent moins de dix commerçants, et se situent dans des bourgs de taille moyenne ou des petites localités, mais aussi dans quelques capitales régionales comme Lille, Rennes, Clermont-Ferrand ou Grenoble.
*Six anciens ministres de la Santé dédouanent le gouvernement
La pandémie de coronavirus était « imprévisible » et le gouvernement fait « du mieux possible », n’en déplaise aux « donneurs de leçons », affirment six anciens ministres de la Santé dans une série d’entretiens au Quotidien du médecin à paraître mardi.
« Comment voulez-vous anticiper une situation imprévisible ? », résume Roselyne Bachelot, blâmée en son temps (2007-2010) pour sa gestion de la grippe H1N1.
« On découvre au fur et à mesure de l’épidémie des situations qu’il était impossible d’anticiper », relève pour sa part Claude Evin (1988-1991), estimant que « le gouvernement apporte une réponse adaptée et proportionnée ». « Ceux qui prétendent qu’il y a une autre stratégie sont des gens qui n’assurent pas de responsabilités dignes de ce nom », ajoute-t-il, alors que les errements de l’exécutif alimentent les procès en incompétence.
« Le gouvernement a pris les bonnes mesures au bon moment », affirme Jean-François Mattei (2002-2004), lui-même fustigé lors de la canicule meurtrière de l’été 2003. « La critique sera nécessaire le temps venu, mais il est regrettable que dans la crise certains cherchent à accuser les autres », appuie Marisol Touraine (2012-2017). « Des donneurs de leçons », dénonce Elisabeth Hubert (1995), qui juge « indigne de jeter la pierre à des gens qui font ce qu’ils peuvent, du mieux possible ».
(Challenges)