Par Aïssa Baccouhe
Ces jours-ci, le budget fait débat dans plusieurs contrées. Les fins d’années sont toujours propices à l’élaboration de projections pour l’année qui suit.
Ainsi font les Etats soucieux de la bonne gestion de leurs finances publiques.
Pour mémoire, rappelons que le premier débat budgétaire de l’histoire fut instauré dans la première démocratie des temps modernes, l’Angleterre, au lendemain de sa révolution de 1688.
C’est ainsi que le mot budget a été anglicisé après avoir été tiré du vieux français « bougette », c’est-à-dire le sac dans lequel on met des pièces de monnaie.
Les gouvernements de la 5ème République prendront garde à cette épreuve. Un ministère, ou à tout le moins un Secrétariat d’Etat, sera créé. Laurent Fabius, Nicolas Sarkozy, Alain Juppé et récemment Gabriel Attal, qui auront plus tard un destin national, y ont fait leurs premières armes. Jacques Chirac (1932-2019) lui-même, y a réussi son baptême du feu.
Par extension, le mot désigne désormais le contenant.
En France ce n’est que plus tard, un siècle après les communes, que le débat s’installe au Palais Bourbon. Il prend alors un aspect théâtral par le truchement des déclarations incantatoires des ténors du moment.
C’est ainsi que Benjamin Constant (1767-1830) élu député sous la restauration (1815-1830) tança ses pairs : « Messieurs, le budget est une arme du peuple contre les abus ».
« Toutefois, la Constitution élaborée sous de Gaulle (1890-1970) s’était gardée également des péripéties retardant l’adoption du projet gouvernemental. Elle permet grâce à l’alinéa 3 de l’article 39 de passer en force».
Les anciens premiers ministres en ont usé. L’actuel, Michel Barnier risque, à son corps défendant, d’y recourir. Sous d’autres cieux quand le débat traîne en lenteur, on arrête les montres. Le temps est suspendu.
Ainsi, les formes sont sauvées. Mais le fond ? Le budget n’est pas un simple jeu d’écriture ni une balance de dépenses et de recettes fut-elle réglée par les plus ingénieux des disciples de Leontief (1906-1999) et son fameux tableau entrée-sortie ou Gaston Jéze (1869-1953) le « pape » des finances publiques en France.
Bourguiba (1903-2000) ancien étudiant à la faculté de droit de Paris où professait Jéze, a précisément consacré son premier éditorial dans le journal qu’il fonda le 19 Novembre 1932 « Le Budget tunisien ».
Il y releva le caractère injuste de cet instrument aux mains des prépondérants. Sa présentation devant le Grand Conseil n’était qu’un leurre.
Ce temps est révolu.
Les élus d’un peuple souverain se doivent de participer activement à la finalisation d’un budget qui est le reflet d’une politique concrétée de progrès et de propreté partagée.