Politique tunisienne de population et de développement: Parlons dividende

La situation démographique en Tunisie, les changements sociaux, la crise de transition, le recul de l’âge du mariage, la baisse de la fécondation, tous ces aspects de la population tunisienne et leur impact sur  le système d’éducation, sur le régime des retraites en Tunisie, et d’autres problématiques, ont fait l’objet d’un débat lors d’un colloque organisé par l’Office national de la famille et de la population, en collaboration avec la Faculté des sciences humaines et sociales de Tunis autour du thème «Le Dividende Démographique en Tunisie : Réalités et Projections». Un thème d’actualité qui s’inscrit dans la dynamique de réflexion stratégique sur les orientations futures de la politique Tunisienne de population et de développement au vu de  la transition démographique et la conjoncture socio-économique et politique actuelle.

La Tunisie  a terminé sa transition démographique bien avant les années 2000 : la fécondité est passée de 7 naissances par femme à 2, la mortalité des enfants de moins de 5 ans est quant à elle passée de 181 décès pour 1000 naissances vivantes à 17. Pendant la même période, le revenu national brut par personne  est passé de 874 USD à 2146, en 2000, ce qui reflète l’exploitation par la Tunisie de son dividende démographique.

Avoir moins d’enfants constitue généralement une situation favorable à l’amélioration des conditions des femmes qui pourraient ainsi consacrer plus de temps  aux activités extra-domestiques. Mais en réalité cette maîtrise des naissances qu’a-t-elle permis d’obtenir comme avantages ? Quelles conséquences a eu la baisse des effectifs d’âge scolaire sur le système d’enseignement ? L’économie tunisienne a-t-elle réellement profité de l’augmentation des effectifs d’âges actifs ? Pourquoi les dépenses de santé semblent exposer ces dernières années malgré l’évolution démographique favorable ? Comment ont évolué les conditions des femmes ces dernières années ? Essayer de répondre à ces interrogations, devrait constituer le premier pas pour dresser le bilan des conséquences de la situation démographique et constitue une étape nécessaire pour proposer et définir une politique de population pour la période à venir.

Comment profiter du dividende démographique?

Que faut-il faire pour répondre aux besoins des jeunes et comment les intégrer dans le processus de développement du pays? Comment capitaliser l’opportunité qu’offre « le dividende démographique » ou « fenêtre démographique » pour relever les défis auxquels fait face notre pays en vue d’un avenir meilleur pour notre population.  L’avenir est le développement durable et par conséquent, c’est le moment d’investir dans les jeunes en profitant des bienfaits du dividende démographique. Il n’en demeure pas moins que les défis à relever durant les années à venir restent importants notamment en matière d’emploi et de couvertures sociale et sanitaire.

Pour atteindre le potentiel de croissance économique, les pays doivent passer par la transition démographique: réduire la fécondité et la mortalité infantile. Pour que les pays puissent bénéficier d’un dividende démographique, ils ont besoin de faire des investissements qui conduisent à avoir: une population réduite en âge scolaire et une plus grande population en âge actif.

La transition démographique est à l’origine de nombreuses modifications dans la taille et la structure des populations. Durant la première phase: seule la mortalité baisse ce qui entraîne une accélération de la croissance démographique et rajeunissement de la population. Durant la deuxième phase: la fécondité commence à diminuer et la pyramide des âges continue à se transformer.

Rôle de l’ONFP dans la politique tunisienne de population

Cinq grandes étapes historiques ont caractérisé la politique de population en Tunisie.

La 1ère    étape : 1964-1965 : Cette phase fut le point de départ du Programme national de planning familial, consistant en la mise en œuvre d’un programme expérimental, initialement appliqué dans 12 centres PMI (Centre de santé/ Protection maternelle et infantile), pour s’étendre par la suite à 39 autres centres.

La 2e étape : 1966-1972 : Cette étape historique fut caractérisée par le lancement officiel du programme de PF dont l’exécution fut confiée à la Direction du Planning familial, relevant du ministère de la Santé publique.  1972: Création de l’Institut national du PF et de la PMI, disposant d’un budget propre et pouvant gérer l’activité de PF.

La 3e étape : 1973-1984 : 1973 : Création de l’ONPFP (Office national du planning familial et de la population) par la loi n° 73-17 du 23 mars 1973. L’ONPFP devient le bras armé de la politique de population et l’organe d’exécution de cette politique- 1974: création du Conseil supérieur de la population placé directement sous l’égide du premier ministre.

4e étape : 1984-1993 : Donner la priorité au milieu rural, réformer le droit fiscal, la législation du travail et le système d’allocution familiale pour inciter les couples à limiter leur descendance, créer l’ONFP en 1984: renforcer le cadre institutionnel de la politique de population. C’est aussi l’étape de la promotion de la santé maternelle et infantile

5e étape : depuis 1994 : C’est l’étape de la globalité des prestations de SSR/PF , la santé de la mère et la maternité sans risque, la prévention des cancers féminins (sein et col de l’utérus), la ménopause, l’infertilité du couple, la santé sexuelle et de la reproduction des jeunes, la lutte contre les IST et VIH/SIDA, la prévention du handicap fœtal, la lutte contre la violence à l’égard de la femme, etc.

Grâce à toutes ces étapes, la politique de population initiée au début des années 1960, a atteint ses objectifs : en l’espace de quarante ans, l’indice synthétique de fécondité passe de 7  à 2 enfants par femme

Les nouveaux défis

Actuellement en Tunisie, le poids des jeunes adultes en âge de travailler continue à augmenter: « notion de bonus démographique » ou « dividende démographique» ?  La problématique des questions de population, ne se posent plus fondamentalement en termes de niveaux élevés de croissance ou en termes de flux qui risquent d’handicaper l’avenir. Faut-il changer les objectifs de cette politique?

Il faut analyser toutes les conséquences de la transition démographique et prendre les décisions en tenant compte  des  nouvelles données de la population Tunisienne.  (vieillissement de la population, recul de l’âge du mariage etc.)

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