La Tunisie pourrait voir son économie consolidée d’ici 2025-2026 avec une croissance projetée à environ 2,3 %, selon un rapport de la Banque mondiale. Pourtant, ce scénario demeure incertain, menacé par plusieurs facteurs de risque, notamment la sécheresse persistante, le ralentissement de la demande mondiale et la nécessité de réformes structurelles majeures.
La Tunisie cherche à sortir de l’ornière : les réformes sont-elles suffisantes ?
« Malgré des défis, l’économie tunisienne reste résiliente et de nouvelles opportunités émergent », affirme Alexandre Arrobbio, responsable des opérations de la Banque mondiale pour la Tunisie. Il souligne l’engagement de l’institution à soutenir le pays dans ses efforts de réforme, notamment pour stimuler la croissance et dynamiser le secteur privé.
Le premier semestre 2024 a vu une légère amélioration avec une croissance économique de 0,6 %, en légère hausse par rapport à l’année précédente. Le redressement timide observé se manifeste par une amélioration de la balance commerciale et une baisse de l’inflation. Néanmoins, la croissance reste limitée à 1,2 % pour l’année en cours, marquant une décennie de ralentissement économique dû à des taux d’investissement et d’épargne restreints. L’agriculture montre, au demeurant, des signes de redressement, tandis que des secteurs clés comme le pétrole, le gaz, l’habillement et la construction continuent de stagner.
La Tunisie mise fortement sur l’énergie renouvelable, notamment avec un programme de 500 mégawatts de projets solaires dans les régions de Kairouan, Sidi Bouzid et Tozeur, et 1.700 mégawatts supplémentaires prévus d’ici 2026. L’objectif est de faire passer les énergies renouvelables à 17 % du mix électrique d’ici 2026, permettant une économie de l’équivalent d’un million de tonnes de pétrole en importations de gaz, soit environ 30 % des importations de gaz de 2023.
Sécheresse, dette, réformes : les défis qui minent l’économie tunisienne
La réduction du déficit commercial est une autre avancée, avec une baisse de 3,4 % au cours des neuf premiers mois de 2024 par rapport à 2023, représentant désormais 7,8 % du PIB contre 8,8 % en 2023. L’inflation a également ralenti, atteignant 6,7 % en septembre 2024, bien que l’inflation alimentaire reste élevée à 9,2 %.
Face aux pressions économiques, la Tunisie se tourne de plus en plus vers des financements domestiques : la part de la dette intérieure est passée de 29,7 % en 2019 à 51,7 % en août 2024. Cette transition accroît la dépendance du financement bancaire aux besoins de l’État, au détriment du secteur privé, posant des risques pour la stabilité monétaire.
En matière fiscale, le rapport de la Banque mondiale met en avant la nécessité de rééquilibrer le système pour promouvoir l’équité. La fiscalité du travail pèse lourdement, même sur les revenus modestes, ce qui incite à l’informalité et freine l’embauche. Des mesures récentes, telles que la taxe foncière et l’augmentation des taxes sur les carburants en 2023, contribuent à une économie plus durable, mais des réformes plus poussées sont requises pour atteindre un modèle plus équitable et équilibré.