Pour que survive l’olive

Après la figue de barbarie, l’attaque bactériologique, furtive, atteint l’olive. « Rien n’est jamais acquis à l’homme ». Celui-ci réagit par des mesures prophylactiques et la rétroaction sanitaire illustre la dialectique de la nature indissociable de la culture.
Magon, l’agronome carthaginois, évoque, déjà, l’implantation de l’olivier, déployé du Nord au Sud, et donc affectueux des lieux pluvieux sans pour autant céder à la détresse devant la sécheresse. A l’époque de l’Afrique romaine, l’huile d’olive, denrée cruciale, nourrissait l’armée impériale. Aujourd’hui, cent millions d’oliviers propulsent le pays au quatrième rang des producteurs planétaires d’or vert.
Interviewé le 14 juillet, Taoufik Chaâbane, possesseur avec son fils de l’huilerie nommée « Néfiss », à Jedaïda, me dit ceci : « Ma famille élargie cultive l’olivier depuis 1950. En 2021, nous avons obtenu une distinction internationale au concours Mario Solilas du Conseil oléicole international à Madrid. En 2023, nous avons obtenu, outre deux autres, la médaille d’or au concours afro-asiatique organisé en Arabie saoudite. En 2024, nous décrochons une médaille en Italie, trois médailles à Genève, Abou Dhabi et Miami, plus deux médailles d’or à Copenhague ».
Excusez du peu, disait Nadia Omrane, l’une des plumes les plus insoumises et indignées contre la sottise.
Dénommée « Singaris », la marque de fabrique de cette huile cligne vers les ruines archéologiques de la ville romano-chrétienne vieille de 2000 ans.
A la façon du palmier dattier, multifonctionnel et renommé, l’olivier détient l’avantage de permettre plusieurs usages. Le grignon sert à l’obtention du compost et à la fabrication de briquettes pour cheminées. En outre, il procure une alimentation pour le bétail durant la stabulation.
Rien ne se perd et tout anticipe l’économie circulaire. N’en déplaise à nos prétentions exagérées, nous n’avons rien, ou presque, inventé. Taoufik Chaâbane accroche au mur de son salon un diplôme de goûteur apte à distinguer les saveurs, fussent-elles fruitées ou acidulées. A chacun son vin damné par les mesquins. Le 20 juillet, un quotidien annonce l’«Évènement international dédié à la promotion de l’huile d’olive ». L’intitulé donne à voir ce fruit millénaire pour une locomotive apte à traîner la société sabotée par les enturbannés.
Dispatchés partout, ces revanchards caressent l’espoir, insensé, de remonter les marches du palais. Ni l’eau, ni les médias, ni l’élection, ni l’électricité, ni les forêts n’échappent à leurs méfaits. Mais revenons à l’olivier primé.
Un réseau de relations associe l’action à la réaction. La maladie attaque et l’homme protège l’olive. Israël bombarde Gaza et les Houthis expédient le drone dénommé « Jaffa » sur Tel Aviv. L’axe de la résistance relance les frappes assénées à l’arrogance. La Knesset prescrit le refus, à vie, d’un État palestinien.
Ce bas les masques, enfin, laisse aux Gazaouis massacrés un seul chemin, le combat sans l’illusion d’un cessez-le feu négocié avec les envahisseurs et cerbères génocidaires. Une préoccupation unique hante leur pensée machiavélique, l’extermination systématique. Semblable férocité pointe vers deux orientations associées, l’une, géopolitique, a trait aux manières guerrières, et l’autre, psychanalytique, aurait partie liée avec les profondeurs cachées de l’homme, ce loup pour l’homme, écrivait Hobbs dans son ouvrage titré « Le léviathan ».
Il rejoint l’optique psychanalytique focalisée sur l’inavoué. Quant à l’antiquité carthaginoise, elle procure l’occasion de narrer ce morceau choisi de notre saloperie : « Que l’on fatiguait d’amour tant qu’elles étaient jeunes, qu’on accablait de coups lorsqu’elles étaient vieilles et qui mouraient dans les déroutes, au bord des chemins parmi les bagages avec les bêtes de somme abandonnées ». « Frappez-les » lit-on au fil du Coran. Le monothéisme récuse le polythéisme à l’instant même où il perpétue le sexisme. Avec le patriarcat, on ne badine pas.

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