Pour une meilleure gouvernance

Le Forum universitaire tunisien (FUT) continue sa réflexion sur la réforme de l’Université tunisienne en vue de tenir ses états généraux l’année prochaine. C’est dans ce cadre qu’il vient d’organiser, les 11 et 12 mai à Hammamet, son deuxième forum sur le thème «Quelle gouvernance pour l’Université tunisienne de demain ?».

 

Réunissant une vingtaine d’universitaires de disciplines et d’expériences différentes, le forum a été un espace de débat sur un ensemble de thématiques relatives aux structures, à l’organisation du système universitaire et à la gestion de l’université. «Ce forum était une occasion pour se réunir, écouter et discuter des problèmes, afin de proposer des solutions. En tant que société civile, c’est notre rôle», explique Moncef Ben Slimane, président du FUT. Cette association a été créée en 2011 avec pour objectif d’engager une réflexion sur l’Université tunisienne, afin de tracer les contours d’une réforme profonde de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Elle a structuré son travail sur l’organisation de cinq forums qui devraient se terminer par l’élaboration des État généraux de l’Université et d’un document de référence traçant les bases pour réformer le système universitaire et pouvant servir de plate-forme de travail. 

 

Un bilan catastrophique à dépasser

L’initiative part d’un constat, celui du «bilan catastrophique du mode de fonctionnement et de gestion de l’Université durant les cinquante dernières années : lourdeurs administratives, gestion centralisée et uniforme, confusion et dilution des responsabilités à tous les niveaux, immixtion politique et partisane dans les affaires universitaires» etc., ce qui a installé l’Université tunisienne dans une crise et a causé sa déclassification à l’échelle mondiale.

«La Révolution nous a donné plusieurs acquis au niveau de l’Université, à savoir la possibilité d’élire nos dirigeants et nos recteurs. Cependant nous avons assisté à une remise en cause de la notion de l’autorité, ce qui a engendré des comportements violents et des tentatives d’infraction de la loi. C’est pour cela que nous avons besoin, plus que jamais, de réformes pour créer l’Université dont nous rêvons», souligne Baccar Gherib, doyen de la faculté des sciences juridiques, économiques et de gestion de Jendouba.

Un premier forum a eu lieu les 28 et 29 septembre 2012 à Tunis sur le thème «Quelle université pour la Tunisie de demain ? Missions, défis et orientations stratégiques». Ce deuxième forum s’attaque à la question de la gouvernance de l’université. 

 

Plus d’autonomie et d’ouverture sur l’extérieur

La question des libertés académiques a  figuré parmi les thèmes phares discutés à cette occasion. Les universitaires ont exprimé  leur aspiration à la liberté d’enseigner et de mener des recherches, en dehors de toute contrainte doctrinale. Ils ont souligné, à cet égard, la nécessité de neutraliser l’espace universitaire et de le mettre en dehors des tensions politiques et des tentatives d’instrumentalisation. L’accent a été mis sur la nécessité de garantir l’autonomie à l’enseignant, mais aussi d’apprendre à l’étudiant à être autonome. 

Durant le forum, a été soulevée l’idée d’améliorer le climat de communication à l’intérieur de l’université, que ce soit entre enseignant/enseigné ou entre l’universitaire et l’administration. La suggestion d’élaborer un Code de vivre ensemble et une charte de l’université a même été faite. 

Les participants ont beaucoup insisté sur la question d’élaboration de normes, notamment pour l’élection des dirigeants de l’université. Ils ont exigé que le choix soit désormais fait sur la base d’un C.V. et d’un programme de travail.

L’ouverture de l’espace universitaire à son environnement  et la nécessité d’être à l’écoute des besoins des régions et des professionnels du secteur économique étaient aussi parmi les points sur lesquels on a focalisé l’attention, comme l’importance de créer de la compétitivité au sein de l’Université. 

Le forum s’est clôturé sur un ensemble de recommandations qui viendraient enrichir le travail effectué lors des États généraux. Les trois prochains forums porteront sur les thèmes : «pédagogie et métier de l’enseignant», «recherche universitaire» et «ouverture de l’université sur son environnement.»

«Plus qu’un débat entre universitaires,  nous voulons ces forums comme un espace de discussion auquel nous faisons participer les syndicats, les partis politiques et le secteur privé, car la réforme de l’Université concerne tout le monde», conclut Ben Slimane.

 

Hanène Zbiss

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