Pour une stratégie intégrée des filières agroalimentaires

Par Ridha Lahmar

 

Les doléances multiples et répétées de la part des agriculteurs ainsi que la flambée des prix des produits agricoles sur les marchés dont souffrent en permanence les consommateurs depuis près de quatre ans, ont engendré et engendrent encore de graves difficultés sur plusieurs plans et dans différents domaines.

Ces difficultés perturbent le marché : pénuries de certains produits, hausses vertigineuses, menaces d’abandon de production, destruction de récoltes. L’État se doit de prendre des mesures rationnelles pour réguler le marché.

Il faut dire que la gestion des produits agricoles est complexe pour diverses raisons : ce sont des produits périssables qui doivent être traités rapidement et faire l’objet d’un transport sécurisé pour éviter gaspillages et déperditions.

Ils sont nécessaires à l’alimentation quotidienne de la population et doivent être disponibles en permanence dans tous les marchés.

Leurs prix sont libres et soumis à la loi de l’offre et de la demande, ce qui ouvre la voie à tous les abus depuis l’effondrement des prix jusqu’à la flambée. Il y a également le problème de la fluctuation des récoltes, étroitement dépendante des conditions climatiques et des maladies cryptogamiques.

Sont concernées par la question, plusieurs tutelles, telles que les ministères de l’Agriculture, de l’Industrie et du Commerce.

Méconnaître les intérêts des agriculteurs, sous-estimer leur colère et faire fi de leurs réactions lorsqu’il s’agit de bafouer leur droit à une juste rémunération de leurs efforts serait lourd de conséquences pour l’économie du pays et le pouvoir d’achat du consommateur.

Il ne faut jamais perdre de vue qu’ils sont à la base de toute la filière de la production agricole.

S’ils décident d’abandonner la culture de la tomate parce que son prix de vente imposé par l’État est non rentable, il ne sera plus possible de fabriquer dans notre pays du concentré de tomate, d’où le recours onéreux aux importations en devises. Concernant la filière laitière, si le prix du lait livré par les éleveurs aux centrales laitières est inférieur au prix de revient, on sera obligé d’importer du lait UHT en devises parce que l’éleveur aura sacrifié ses vaches à l’abattoir faute de pouvoir financer à perte leur alimentation composée.

Il y a également le cas de la filière avicole qui connaît une surproduction susceptible d’être fatale au secteur si l’on ne favorise pas l’exportation des produits excédentaires.

En fait, les structures existent, mais elles connaissent des dysfonctionnements. En effet, les groupements interprofessionnels ont été créés depuis longtemps pour coordonner les activités des professionnels appartenant aux différents maillons de chaque filière. Ces groupements comportent les représentants des producteurs, des industriels, des exportateurs, aux côtés de l’administration de l’agriculture et du commerce.

Il y a le groupement des aviculteurs, celui des producteurs de lait-viande, le GICA/conserves alimentaires…

Leur rôle consiste à gérer le marché : fixer les prix, proposer des mesures pour l’exportation ou l’importation, constituer des stocks régulateurs… les enjeux sont énormes et les défis difficiles à relever, car les équilibres à sauvegarder sont fragiles.

Nous avons besoin de pratiquer une stratégie intégrée de gestion de filières qui commence par le maillon producteurs agricoles, se poursuit avec les circuits légaux de commercialisation, vient ensuite le secteur industriel de la transformation qui joue un rôle vital, suivi à son tour par les acteurs de l’exportation.

Les groupements doivent planifier la production et faire preuve de souplesse au niveau des prix et des autorisations d’exportation pour gérer les situations de crise.

Nous devons de toute façon éviter les situations de rupture et de pénurie, prendre des mesures préventives, des décisions rapides en cas de crise et non sombrer dans la bureaucratie et attendre que la situation s’aggrave pour agir.

Ces derniers temps, aviculture, tomates, pommes de terre et oignons, entre autres, ont été l’objet de perturbations.

 

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