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En 2016, l’État avait contribué à la victoire de Trump. Les résultats pourraient être différents cette année et le président a déjà annoncé qu’il allait les contester.
Ce n’est pas seulement pour revenir près de chez lui – à Scranton – que Joe Biden termine sa campagne dans la cité industrielle de Pittsburgh (en compagnie de Lady Gaga), tandis que sa colistière Kamala Harris tiendra son dernier meeting à Philadelphie, l’autre grande ville de Pennsylvanie. Certes, pour le candidat démocrate, il s’agit de ramener à lui les sinistrés de la sidérurgie qui avaient tenté le vote Trump en 2016 et dont beaucoup ont déjà manifesté leur déception lors des élections de mid-term. Et pour la sénatrice de Californie de mobiliser le vote afro-américain dans une ville qui fut le berceau de la démocratie américaine et où une nouvelle bavure policière vient de provoquer émeutes et couvre-feu.
Mais la raison majeure de ce forcing du ticket démocrate, ce sont les 20 voix de grands électeurs qu’il pourrait cette fois empocher grâce aux circonstances particulières de l’élection cette année pour se rapprocher du chiffre magique de 270 qui déterminera le vainqueur.
*Les votes par correspondance très favorables à Biden
Tout indique, en effet, que celui qui remportera la Pennsylvanie ne sera pas connu dans la nuit suivant l’élection. Et peut-être pas avant plusieurs jours. La raison en est qu’en raison du Covid, il y a cette année dix fois plus de votes par correspondance qu’à la précédente présidentielle. Il est donc pratiquement impossible que leur résultat soit connu dès le 3 au soir. En effet, circonstance aggravante, la loi de l’État interdit de commencer le dépouillement avant le jour de l’élection. Or tous les sondages s’accordent pour dire que ces « mail-in ballots » sont à 70 % démocrates. Si bien que, le soir du 3 novembre, Donald Trump pourrait arriver en tête de ceux qui ont voté le jour de l’élection, ou même en profitant du vote anticipé, mais que son avance ne résisterait pas au dépouillement du vote par correspondance.
Cette configuration, due en grande partie à la pandémie, met le président sortant dans un tel état de rage qu’il s’est laissé aller dimanche soir à annoncer : « Je me déclarerai vainqueur mardi soir simplement s’il me semble que je suis en tête » dans les voix décomptées dans les urnes. Donc sans tenir compte du résultat des votes par correspondance dans plusieurs États, dont le moindre n’est pas la Pennsylvanie. Et il a ajouté : « Il n’est pas question d’attendre qu’un gouverneur politicien et partisan (le démocrate Tom Wolf ) soit autorisé à ajouter 10 000 voix de plus si cela l’arrange ! »
Il semble bien que, sauf raz-de-marée de Biden ou, à l’inverse, remontée spectaculaire de Trump, semblable à celle de 2016, l’élection présidentielle américaine se terminera cette année au mieux devant les tribunaux, au pire – de plus en plus d’Américains le redoutent – dans la rue.
(Le Point)