Pourquoi le prix des billets d’avion s’apprête à augmenter

Une place dans l’avion pourrait bientôt coûter plus cher. La faute au prix du pétrole qui grimpe en flèche. Le cours du Brent est passé de 37 dollars le baril fin octobre 2020 à plus de 85 dollars un an plus tard, revenant à son niveau d’avant-crise. Si l’Association du transport aérien international juge que la hausse des prix du kérosène est « un indicateur positif », marquant la reprise économique, elle devrait se répercuter sur les prix des billets payés par les consommateurs.
Dans un contexte sanitaire incertain, les compagnies aériennes ne pourront pas compenser la hausse du coût du kérosène car « elles ont subi d’énormes pertes au cours des derniers mois » en raison de la pandémie de Covid-19, a justifié cette semaine le directeur général de l’Iata, Willie Walsh, lors d’une téléconférence de presse.
Le coût du carburant représente 20% du prix d’un billet. Cela peut aller jusqu’à 35% pour une compagnie low-cost. Celles-ci seront donc les plus impactées par une hausse du prix du pétrole. Pour l’heure, les grandes compagnies écoulent leurs stocks achetés l’an dernier, mais la hausse des prix devrait se répercuter début 2022 pour le consommateur.
*En pleine dynamique de reprise pour le secteur
Les spécialistes espèrent que cette augmentation des tarifs aériens ne cassera pas la dynamique de reprise attendue dans les prochains mois. L’Association du transport aérien international a fait état d’un rebond modéré » du trafic aérien en septembre 2021 par rapport à la performance d’août. Cela s’explique par la reprise des marchés intérieurs – notamment en Chine – où certaines restrictions de voyage ont été levées à la suite de l’épidémie de Covid-19 en août.
Malgré la reprise des déplacements – facilitée par la vaccination massive – le secteur de l’avion reste marqué par la crise sanitaire qui a cloué ses appareils au sol. Selon l’Iata, le trafic aérien est en baisse de 53,4% comparé à son niveau de septembre 2019, contre une baisse de 56% d’août 2019 à août 2021. En juillet 2020, l’Iata estimait que le trafic aérien au niveau mondial devrait retrouver son niveau d’avant-crise en 2023, mais il faudra sans doute plus de temps.
En Asie, la baisse était en septembre de 69%, en Europe de 50% et en Amérique du Nord de 30,5%, toujours sur deux ans. Par activité, les vols intérieurs continuent leur reprise (-24 % sur deux ans), mais l’international reste en difficulté (-69%). Dans un contexte économique tendu, l’Iata souligne quelques bonnes nouvelles comme la réouverture des voyages à destination des Etats-Unis.  » Avec les réouvertures récentes sur d’autres marchés clés comme l’Australie, l’Argentine, la Thaïlande et Singapour, cela devrait donner un coup de pouce à la restauration à grande échelle de la liberté de voyager », a déclaré le directeur général de l’Iata.
*Des tarifs encore bon marché
Par ailleurs, cette possible hausse des tarifs survient alors que les billets d’avion n’ont jamais été aussi bon marché. En cause : la chute des prix du pétrole pendant le Covid-19 et une volonté des compagnies d’éviter les images de sièges vides. « Actuellement, les compagnies aériennes cherchent à dynamiser le marché des vacances d’automne. Les vols moyen-courrier [au départ du Royaume-Uni] vers les stations balnéaires espagnoles les plus populaires, comme Alicante ou Tenerife, sont jusqu’à 30% meilleur marché qu’avant la pandémie », constate notamment le média britannique The Telegraph. Depuis une quarantaine d’années déjà, les tarifs aériens ont fondu – résultat de la guerre des prix enclenchée par les compagnies aériennes.
Au-delà de la hausse du pétrole, les préoccupations écologiques pourraient aussi participer à faire du transport aérien la chasse gardée des plus riches dans les années à venir. Les investissements colossaux nécessaires à la décarbonation risquent en tout cas de faire augmenter le prix des billets. Engagement des compagnies aériennes du monde entier à « zéro émission nette » en 2050, plan européen de réduction des émissions carbone de 55% d’ici à 2030, taxation du kérosène à la clé : le secteur de l’aviation commerciale se retrouve sous une pression sans précédent.

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