L’Organisation mondiale de la santé (OMS) intensifie son combat contre les maladies non transmissibles en appelant à une augmentation drastique des taxes sur le tabac, l’alcool et les boissons sucrées. Cette stratégie, baptisée « 3 d’ici 2035 », vise à relever de 50 % le prix réel de ces produits d’ici à 2035. L’objectif est de réduire leur consommation, tout en générant des recettes fiscales destinées à financer des programmes de santé publique. L’initiative a été présentée lors de la 4e Conférence sur le financement du développement, qui s’est tenue à Séville du 30 juin au 3 juillet.
Selon l’OMS, les maladies non transmissibles, souvent liées à la consommation de ces produits, représentent plus de 75 % des décès dans le monde. L’agence estime qu’une augmentation unique de 50 % des prix pourrait éviter 50 millions de décès prématurés au cours des cinquante prochaines années. Par ailleurs, cette mesure permettrait de mobiliser jusqu’à 1 000 milliards de dollars sur une décennie, une manne financière qui pourrait être réinvestie dans la couverture sanitaire universelle et d’autres programmes sociaux. L’OMS s’appuie sur l’exemple de près de 140 pays qui, entre 2012 et 2022, ont déjà augmenté les taxes sur le tabac, entraînant une hausse des prix de plus de 50 % en moyenne.
Si l’OMS défend cette approche comme un outil efficace pour améliorer la santé publique, elle ne fait pas l’unanimité. Les détracteurs, notamment les industriels, affirment que les taxes sur les boissons sucrées n’ont pas prouvé leur efficacité dans la lutte contre l’obésité. Certaines études suggèrent que ces mesures doivent être accompagnées de campagnes de prévention pour avoir un impact durable sur les comportements. Malgré ces réserves, l’OMS maintient son appel à une action collective, exhortant les gouvernements, la société civile et les partenaires internationaux à soutenir une fiscalité plus stricte sur ces produits. La question reste ouverte, mais l’urgence, elle, ne fait plus de doute.