Pourquoi pas des villes nouvelles ?

Avant 2011, l’aspect de nos villes était déjà déplorable, depuis quatre ans la situation s’est dégradée encore plus et de façon accélérée.

En effet, il y a une extension démesurée des banlieues, une progression anarchique des constructions sauvages, une prolifération des ateliers de réparation mécanique et autres qui occupent les trottoirs, une infrastructure défaillante pour ce qui est des chaussées, des trottoirs et des réseaux de fluides, une concentration de population et une promiscuité difficiles à vivre, sans compter le manque d’espaces verts et d’équipements socio-collectifs ainsi que l’absence de maintenance de la voirie.
Rappelons qu’une évaluation faite par les pouvoirs publics a abouti à 37% de logements construits de façon anarchique par rapport au nombre total des logements construits dans le pays.
Il est clair que les collectivités locales manquent de moyens matériels et humains et sont dépassées en matière de maîtrise de la construction de logements. Avec les retombées de la Révolution et la perte d’autorité de l’Etat, la situation a empiré.
Nous ne devons pas perdre de vue que les villes sont le cadre de la vie quotidienne de 70% de la population tunisienne. Un cadre qui doit être agréable et fonctionnel : préserver la santé et la quiétude de la population et en même temps offrir des conditions correctes de travail, de transport, d’éducation, de culture et de soins médicaux à la population.
Partout dans le monde on crée des villes nouvelles car les villes sont considérées comme des foyers de diffusion de progrès social et culturel mais aussi de la croissance économique et finalement du développement.
Or en Tunisie, à l’exception des Berges du Lac de Tunis, considéré beaucoup plus comme un nouveau quartier de Tunis plutôt qu’une ville nouvelle, il n’y a eu aucune création de ville nouvelle, alors que des agglomérations comme le Grand Tunis connaissent une extension démesurée dépassant les 3 millions d’habitants.
Cela pose de gros problèmes, très pénibles à vivre et très coûteux à résoudre, comme celui du transport public de voyageurs, de la circulation automobile, de l’aménagement de zones industrielles, de l’habitat anarchique, de l’enlèvement des ordures ménagères, et de la pollution des plages,…
La création et l’implantation de villes nouvelles, conçues de façon rationnelle et aménagées de façon méthodique est susceptible de résoudre plusieurs problèmes et serait de toute façon moins coûteuse que la réhabilitation en cours de plusieurs centaines de quartiers populaires.
Ces villes pourraient être écologiques à titre d’exemple et de modèle.
Le Maroc, avec le soutien de la BEI, est en train de mener une expérience édifiante à ce propos. Pourquoi pas la Tunisie ?
Selon les normes généralement admises, du moins en Europe, le centre d’une cité idéale doit être consacré à l’implantation des services socio-collectifs pour être accessibles à tous les habitants : écoles, hôpitaux, sièges de la mairie, des compagnies et caisses nationales, la Poste, commissariat de police, centres commerciaux,…
Les quartiers résidentiels doivent être agencés tout autour et jumelés avec les zones d’emplois : immeubles de bureaux, zones d’activités industrielles et artisanales,…
Les espaces verts, culturels, de sport et de loisirs doivent être répartis à travers la ville.
Une ville écologique est une ville où les déchets domestiques sont transformés en engrais destinés aux espaces verts et servent à produire l’énergie, où les logements sont construits selon les normes du développement durable, où les eaux pluviales sont récupérées et les eaux usées recyclées, où les transports publics sont non-polluants et où les espaces verts dépassent 10 m2 par habitant. Une ville où il fait bon vivre et où les services socio-collectifs sont facilement accessibles.
Le ministère de l’Equipement et de l’Habitat a évoqué la possibilité d’édifier de nouvelles villes lors d’une récente rencontre de réflexion sur les perspectives du secteur.
Un partenariat public-privé serait nécessaire pour réussir une telle initiative.

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