Pr. Farouk Sebai: la Tunisie pratiquait la téléchirurgie depuis les années quatre-vingt-dix

Rencontré par l'équipe de Réalités Online en marge de la 7ème édition du Forum International de la Santé Numérique qui s'est déroulée du 23 au 25 juin  à Hammamet avec pour thème "Réussissons ensemble le virage numérique au service de la Santé", Pr Farouk Sebai, Spécialiste en Chirurgie Générale, membre de l'Académie de Chirurgie de Paris et vice-président fondateur de la Société Tunisienne de Télémédecine et e-santé, témoigne des avancées réalisées par la Tunisie en matière de télémedecine et des expériences sporadiques de téléchirurgie qu'il avait supervisées dans les années quatre-vingt-dix alors Chef de Service de Chirurgie B à l'Hôpital La Rabta à Tunis. Pr Farouk Sebai évoque également lors de cette brève interview les raisons qui expliquent le retard accusé dans la transition numérique dans le secteur de la santé en Tunisie.

Quel est l'intérêt de l'organisation de ce forum International de la Santé Numérique ?  
L’organisation de ce forum international de la santé numérique dans sa septième édition a pour objectif de familiariser le monde médical et de sensibiliser les principaux acteurs de la santé mais aussi les patients à l’importance de cette thématique à savoir la télémédecine dont la pratique en Tunisie remonte à plusieurs décennies. En effet, nous avons entamé des expériences sporadiques de télémédecine et plus précisément de téléchirurgie depuis les années 90. Moi-même j’ai réalisé ces expériences en 1993 et 1994 en organisant des sessions de téléchirurgie et en faisant la liaison entre des blocs opératoires à Tunis, Sidi Bouzid, le Maroc et même au Kentucky aux États-Unis. Ces  expériences s’inscrivaient dans le cadre du congrès de la société tunisienne de chirurgie laparoscopique. (NDLR :La laparoscopie est une intervention qui permet d'examiner l'abdomen ou le bassin à l'aide d'un laparoscope, qui est un instrument mince semblable à un tube muni d'une source lumineuse et d'une lentille)

Vous avez procédé à des expériences depuis les années 90, comment explique-t-on alors que la télémédecine soit jusqu’à aujourd’hui sous-exploitée en Tunisie ? 
Bien qu’on ait eu à un certain moment des expériences réussies et des encouragements de la part des autorités de tutelle et des ministères, l'obstacle résidait depuis toujours dans l’élaboration des textes de loi en lien avec les problèmes éthiques en particulier. A titre d’exemple, en téléchirurgie on a recours à des intermédiaires à savoir des robots commandés par un système informatique pour réaliser les interventions chirurgicales à distance.  Chose qui pose généralement un problème d’ordre éthique et de protection de données personnelles. Ce problème de réglementation était donc à l’origine de ce retard. Aujourd’hui, les textes de loi sont finalement apparus mais nous attendons toujours la parution des décrets d’application de la télémedecine. 

L'instabilité politique est-elle à l'origine de ce retard accusé dans la publication de ces textes?
Il s’agissait en effet d’un problème de volonté politique. La majorité des anciens ministres n’accordaient pas assez d’importance à cette question et n’essayaient malheureusement pas de pousser les choses. Aujourd’hui, les choses ont changé dans le bon sens et les autorités de tutelle à savoir le président de la République, la cheffe du gouvernement et le ministre de la Santé publique ont fait preuve de sérieux et ont montré leur engagement en faveur de cette thématique et semblent être déterminés à faire avancer les choses abstraction faite des à cotés qui existaient avant et qui gênaient l’évolution des choses. 

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Propos recueillis par Hajer Ben Hassen

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