Prendre le taureau par les cornes…

La création récente d’une “cellule de crise” pour organiser le suivi de la situation sécuritaire a bien montré la décision énergique qu’a prise le chef du gouvernement de prendre le taureau par les cornes au lieu de continuer à “subir” les attaques incessantes des terroristes, de plus en plus audacieux, au moment où des milliers de réfugiés, fuyant la Libye, affluent à la frontière sud de notre pays. Il ne s’agit plus aujourd’hui d’ouvrir toutes grandes les portes de Ras Jedir et de Dhiba, sans contrôle, à des foules d’étrangers de toutes nationalités, y compris des terroristes apportant avec eux des armes plus sophistiquées que celles dont sont dotés nos frères des forces de sécurité. Aussi a-t-on pu voir des blindés rapidement déployés le long de la frontière et un renforcement de l’armement des soldats, de la Garde nationale et des douaniers. La décision de Mehdi Jomâa de ne pas accepter l’installation d’un camp dans le sud, mais de s’efforcer à organiser le rapatriement des réfugiés dans leurs pays d’origine dans les plus brefs délais — et c’est ce qui se fait avec l’utilisation des aéroports et ports de la région, quitte à y accepter des avions et des navires égyptiens — afin d’éviter l’existence d’un campement qui s’est vidé peu à peu d’individus disparus dans la nature.

Il n’y a pas eu d’incidents graves à travers le pays, mais il y a eu des mines qui explosent dans le N-O, des incendies un peu partout, l’attaque d’une caserne à Sbeitla (un mort) et d’un poste de la Garde nationale à Hydra, des échanges de tirs à Jendouba.

Le feu couve. La cellule de crise a aussi axé ses activités sur le contrôle des si nombreuses associations caritatives et religieuses et décidé des suspensions provisoires : 6 à l’Ariana, 4 à Gafsa, 19 à Nabeul, 3 à Gabès, 8 à Monastir, etc., et des fermetures de certaines mosquées mal contrôlées, comme celle d’Omar Ibn El Khattab à Sousse (20 interpellations dont 12 remises en liberté et 8 mandats de dépôt). La tactique adoptée est la suivante, on ramasse tout d’abord ensuite on trie, on sépare le bon grain de l’ivraie, on libère ou on délivre à la justice habilitée à juger sur pièces.

D’autres mesures importantes ont été prises par la cellule de crise : appel aux réservistes de l’armée — ainsi que l’ont réclamé plusieurs officiers de réserve sur les réseaux sociaux et dans la presse — pour sécuriser les prochaines élections, mesures de blocage de certains sites électroniques subversifs. La HAICA de son côté n’a pas hésité à infliger des suspensions à Hannibal TV et à Nesma TV sur les plateaux desquelles des “invités” libyens n’ont pas hésité à inciter à la violence et à faire l’apologie du terrorisme et de la guerre. Il va falloir être particulièrement prudent avec le retour annoncé de milliers de Tunisiens partis en djihad au Moyen-Orient et, en cas de dérapage, l’animateur TV doit être capable de couper le micro d’un invité djihadiste (qu’il n’aurait même pas dû inviter). Il faut laisser le micro aux personnes autorisées et responsables. Hier Mohamed Ali Aroui, porte-parole du ministère de l’Intérieur, a dévoilé le démantèlement de 5 cellules dormantes dans le Grand Tunis, à la Soukra, Dar Fadhal, Raoued, Le Kram et Chrarda, avec 21 arrestations et 9 délits de fuite. C’est cela qu’il faut diffuser comme nouvelles et non les récriminations des patentés du CPR, de Wafa et autres alliés d’Ennahdha, qui poussent des cris d’orfraie parce que Mehdi Jomâa aurait “empiété sur les prérogatives de la Justice”. Quand la maison brûle, on appelle tout d’abord les pompiers et quand le feu est éteint, la police et le procureur de la République viennent effectuer leur enquête, éventuellement pour préciser les responsabilités et tirer les conclusions.

D’ailleurs, Mehdi Jomâa a répondu par avance aux critiques dans une excellente interview publiée dans la revue Leader du mois d’août, dans laquelle il a expliqué que c’est après le massacre des 15 militaires au Chaambi, qu’il “a mieux compris l’armée” et “endossé l’ampleur des dégâts causés par ces attaques terroristes” et enfin qu’il a “réalisé ce qu’il devait faire”… D’où sa rencontre à Tébéssa avec son homologue algérien qui lui a promis son aide. D’où également cet appel aux populations de la cellule de crise qui demande aux citoyens de fournir tout renseignement qui peut permettre d’arrêter des terroristes, avec la garantie de l’anonymat. C’est un devoir national, au moment où les sécuritaires ont arrêté dans la région du nord-ouest des habitants qui ravitaillaient les terroristes en nourriture, en recharges pour leurs téléphones portables, quand ce n’est pas en services sexuels. Aider l’ennemi c’est trahir son pays.

La course pour Carthage se poursuit activement et pendant les quelques jours de repos des journalistes de Réalités, la liste des candidats à la présidentielle s’est considérablement allongée. C’est ainsi qu’après Badra Gaaloul, et Emna Karoui dont j’ai parlé en temps voulu, c’est à Kalthoum Kennou, juge et ancienne présidente de l’ATM, de déclarer à Business News, le 13 juillet, son aptitude à occuper le poste “parce qu’elle est contre un candidat consensuel, un candidat lié à l’ancien régime et qu’elle pense posséder assez de compétence pour occuper ce poste”, et elle a ajouté sur Shems FM qu’elle n’aura aucune peine “à dépasser le seuil de 10.000 signatures d’électeurs exigé par la candidature”. On la croit sans peine quand on voit certains noms d’hommes politiques parmi les candidatures exprimées ! Mais ces candidatures féminines ne sont pas du goût de Khalil Zaouia, qui a déclaré, toujours à Shems FM, le 1er août, qu’il ne voit “aucune femme, sur la place politique, capable d’être candidate à la présidence de la République en raison d’incapacité à rassembler les Tunisiens”, bien qu’il y ait neuf femmes au sein du BP d’Ettakatol, son parti. Le machisme n’est pas mort ! Le seul fait d’être un homme serait-il à lui seul une preuve de compétence ?

Côté hommes, justement, le juge Ali Charabi se présente “pour sauver le pays à travers une idée précise qu’il a de l’État pour contrer le terrorisme et réaliser les véritables objectifs de la Révolution, l’emploi et les libertés”. Adel Almi, président du parti “Tounes Ezzeitouna”, connu pour ses positions extrémistes, partisan de la polygamie et qui a protesté contre l’Article 6 de la Constitution relatif à la liberté de conscience, Zied El Héni, journaliste bien connu sur les plateaux TV, qui promet de “rétablir la souveraineté de l’État et son prestige, de combattre le terrorisme, la contrebande et la corruption”, Mustapha Kamel Nabli “a déclaré à Essabah se présenter en tant qu’indépendant des partis politiques”, Ahmed Nejib Chebbi a annoncé sa candidature à Kasserine avec pour directrice de campagne Zeineb Turki, membre du BP d’Al Joumhouri. Enfin Ahmed Mestiri a été choisi par son parti, le MDS, selon Houcine Majeri, membre du BP, qui l’a annoncé sur Mosaïque FM. Au fait, ne serait-il pas le “fameux candidat consensuel” ? L’avenir le dira peut-être…

Aux dernières nouvelles (dimanche 10 août), le parti El Amen va proposer son président, Lazhar Bali, avec pour programme “la défense de l’identité arabo-musulmane dans un projet sociétal progressiste.”

 

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