Le vernissage de l’exposition « Quand les femmes transforment les villes » s’est déroulé récemment à l’Institut Français de Tunisie (IFT) en présence de représentants municipaux, de bailleurs de fonds, d’acteurs de la société civile ainsi que de représentants de médias. Initiée dans le cadre du projet Cities Alliance, un projet global qui lutte contre la pauvreté et soutient le développement durable des villes, cette exposition porte sur le rôle crucial que jouent les femmes et les filles au sein des villes tunisiennes à tous les niveaux à savoir la gouvernance urbaine, la sécurité publique, la création des opportunités économiques ou culturelles etc.
A travers cette exposition, on cherche à mettre en exergue la capacité de la femme à transformer les villes en espace inclusif où tous les citoyens sont au même pied d’égalité et ont les mêmes devoirs et libertés.
Ouverte au grand public du 2 au 14 juin courant, l'exposition présente les projets de Cities Alliance et de ses partenaires en Tunisie s’inscrivant dans cette logique à savoir la défense des droits de la femme et le renforcement de sa représentativité dans les différents aspects de la société. Il s’agit de projets ayant impliqué plus de 400 femmes au cours des deux dernières années. Ils présentent un éclairage réaliste sur des villes tunisiennes inclusives.
Lors de son allocution de bienvenue M. Hubert Tardy-Joubert – Conseiller de Coopération et d’Action Culturelle et Directeur de l’IFT a salué cette initiative ayant pour objectif d’accroître l'engagement des filles et des femmes dans le développement urbain et la gouvernance tout en se félicitant de l’organisation de cette exposition dans les locaux de l’IFT.
De son coté, Mme Giulia Maci – cheffe du programme Cities for Women de Cities Alliance a exprimé ses remerciements à l’ensemble des parties prenantes pour les efforts fournis pour concrétiser cette exposition dont l’objectif principal est de réfléchir sur la manière de créer des villes plus inclusives pour les femmes valorisant leurs idées et répondant à leurs besoins. En effet, le projet Cities for Women vise à aider les villes à développer des zones urbaines plus sensibles au genre et inclusives qui répondent aux besoins de chacun.
« Les femmes jouent un rôle central au sein de la société en tant que citoyennes, innovatrices, employés etc. Toutefois, leur présence formelle dans la vie politique, dans l’économie ainsi que dans la gestion des villes reste modeste voire invisible. » a-t-elle regretté. Et d’ajouter : « Nous avons l’impression que les villes sont construites et conçues par les hommes et pour les hommes. L’espace public n’est pas réellement un lieu assez confortable pour les femmes ».
Une révolution urbaine s’impose
La responsable du projet Cities for Women a, dans ce contexte, considéré qu’une réelle révolution urbaine s’impose. « En construisant les villes et les espaces publics, il faut mettre les femmes et en particulier les jeunes filles au centre tout en leur donnant plus de pouvoir »a-t-elle affirmé.
Selon Mme Giulia Maci, il est grand temps de repenser les espaces publics (Jardins publics, centres commerciaux, etc.) avec les femmes tout en adoptant une approche participative plus sensible au genre. « Pour créer des changements positifs, il faut adapter une nouvelle stratégie d’urbanisme tirant profit de l’énorme potentiel que représentent les femmes. Le climat et les femmes sont des acteurs clés de la transformation des espaces en espaces plus sûrs et plus prospères. C’est bel et bien notre vœu. »a-t-elle conclu.
De son coté, Mme Dalenda Larguèche, professeure d'histoire et d'études de genre à l'Université de Manouba a affirmé que les villes tunisiennes ont connu de grands changements durant ces trois derniers siècle. « On faisant une comparaison avec le 18e ou 19e siècle, on s’aperçoit que l’espace de la ville a totalement changé. Toutefois et en dépit de ce changement majeur, la féminité en tant que construction sociale dans la ville demeure minime. »A-t-elle affirmé. Et d’ajouter : « Dans les villes tunisiennes comme dans la plupart des villes du monde arabe et dans les différentes sociétés humaines, les femmes ont eu depuis toujours une présence bien particulière par rapport à celle des hommes autant dans la construction de la ville que dans sa gestion. »
Les villes tunisiennes construites par et pour les hommes ?
Mme Dalenda Larguèche a précisé que l’historiographie tunisienne qui s’est intéressée à la présence de la femme dans les grandes villes historiques tunisiennes, à leur tête Tunis, a démontré que les femmes étaient totalement invisibles dans les villes en tant qu’espace public. « Les villes ont été bel et bien construites par et pour les hommes » a-t-elle regretté.
Dans ce contexte, l’universitaire a cité une étude effectuée par le Centre de recherches, d’études, de documentation et d’information sur la femme (CREDIF) ayant révélé des chiffres alarmants sur la Violence fondée sur le genre dans l'espace public en Tunisie. Cette étude a démontré que 53,5% des Tunisiennes ont indiqué avoir été victimes, au moins une fois, de violence dans les espaces publics, à savoir la rue, le travail, les aires de divertissement ainsi que dans les moyens de transport public.
Mme Dalenda Larguèche a considéré que ces chiffres confirment bel et bien l’inégalité dont font l’objet les femmes par rapport aux hommes en termes d’accès aux espaces publics.
Hajer Ben Hassen
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