Présidentielle : Chahed fait-il réellement peur?

Le pays vit depuis quelques mois sa plus grande crise. Tous les indicateurs économiques viennent confirmer cette amère vérité. Toutefois, dans ce pays, prix Nobel de la paix en 2015, grâce à, un dialogue national, les différentes parties politiques peinent, aujourd’hui, à trouver un terrain d’entente pour engager un véritable dialogue salvateur et donc chercher les moyens à même de faire sortir le pays du gouffre dans lequel il moisit. Pis encore, au lieu de tenter de remédier à la situation, on cherche plutôt à en accentuer les effets avec des discours creux et le déclenchement de faux débats. Parmi ces derniers, celui lié à l’éventuelle candidature du chef du gouvernement Youssef Chahed à l’élection présidentielle de 2019.
Nombreux sont les partis politiques qui ont crié au scandale après la diffusion d’informations faisant état de la possibilité de voir Chahed se porter candidat aux prochaines élections. Le hic, c’est que l’on n’arrête pas de nous chauffer les oreilles avec cette histoire alors que le concerné, Chahed, brille par son mutisme et n’a toujours pas annoncé même implicitement cette intention. L’on oublie, on fait exprès d’oublier, tous les maux qui rongent notre pays pour faire de cette éventuelle candidature un danger public et une menace économique, politique voire même sécuritaire.
D’un autre côté on oublie réellement que le peuple a retiré sa confiance de toutes les formations politiques. 2019 n’est toujours pas d’actualité pour le commun des mortels.

Bis repetita ?
L’histoire se répète et toujours à quelques mois de l’échéance électorale. Mehdi Jomaa en avait fait les frais quand certains avaient soupçonné son désir de se présenter en 2014. Se porter candidat aux élections, quelles soient locales, parlementaires ou même présidentielles est un droit garantit pleinement par la Constitution tunisienne qui, faut-il le rappeler, a coûté les yeux de la tête au contribuable. Et on ne manque pas de faire semblant d’en être fier à toute occasion. Sauf que, loin de certains l’idée d’en faire bénéficier tous les citoyens. Sinon, au nom de quel droit ose-t-on priver un citoyen tunisien de présenter sa candidature à une élection aussi importante soit-elle, alors qu’on n’arrête pas de se vanter d’être des citoyens d’une démocratie naissante? Le propos ici n’est nullement de défendre qui que ce soit mais de défendre des principes pour lesquels il y a eu révolution.
Comment peut-on oser critiquer la dictature de l’ex président Ben Ali, alors qu’on la vit et la pratiquons au quotidien.  C’est l’image de tout le pays qu’on est en train de souiller.

Résumer tous les maux et tous les problèmes du pays dans la seule possibilité d’une éventuelle candidature de Chahed en 2019 c’est prendre en otage tout un peuple qui n’attend que  de respirer, de souffler et de reprendre goût à la vie. En faire un crime de lèse majesté est aussi honteux pour une grande partie de la classe politique.
En fait ce sont les esprits malsains qui ne veulent pas d’une sortie de crise et pour ce faire ils mettent la pression sur le « gouvernement d’union nationale » à travers une mauvaise mise en scène : empêcher Youssef Chahed de se présenter et dans le cas contraire il doit partir. Mauvaise idée et faux calcul car cette campagne joue en faveur de lui.
Nouvel épisode de ce feuilleton, après des mois d’un soutien affiché et d’un suspense cultivé, le parti Islamiste Ennahdha, roi  de l’esquive, a fini par inventer la plus douce formule à travers laquelle il croit pouvoir «mettre la pression» sur le chef du gouvernement et le pousser à renoncer à une éventuelle candidature à l’élection présidentielle. En effet, soucieux de donner une image positive de leur parti « démocratique », les dirigeants du parti islamtiste, se sont mis d’accord, lors du dernier conseil de la Choura de n’apporter leur soutien au Gouvernement de Youssef Chahed que si ce dernier, renonçait à l’élection présidentielle.
Du soutien conditionné à Chahed à l’exigence affirmée à la renonciation, Ennahdha n’a pas failli à son habitude. C’est ce que laisse penser le président du bloc parlementaire de Nidaa Tounes Sofiene Toubel qui considère que seul Nidaa Tounes, auquel appartient effectivement Chahed, pourrait prendre une telle décision. « La vente conditionnée est interdite en Tunisie et punie par la loi… Ennahdha n’a pas à prendre de telle décision lors de son conseil de la Choura. Chahed est le poulain de Nidaa. Il a le droit de se présenter et seul Nidaa pourrait étudier cette décision et trancher» s’est-il lâché.
Le dirigeant au sein de Nidaa a estimé qu’en prenant une telle décision, Ennahdha souhaiterait conquérir le terrain pour préparer la voie à son propre candidat à l’élection présidentielle, qui serait son Chef Rached Ghannouchi.
La voie est ouverte à la relance de cette polémique, d’autres députés se sont exprimé pour dénoncer le chantage d’Ennahdha.

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