Le processus démocratique entame une étape politique cruciale avec la tenue du troisième double scrutin, depuis les événements de 2011. Les cinq prochaines années devront être celles du parachèvement du processus démocratique avec la mise en place des instances constitutionnelles qui n’ont pas encore vu le jour, en particulier et de manière urgente la Cour constitutionnelle. Le prochain quinquennat est également chargé de défis économiques et sociaux majeurs que les prochains dirigeants à la tête de l’Exécutif et du Législatif sont appelés à relever avec l’efficacité et la rapidité requises.
Vingt-six candidats concourent pour l’élection présidentielle anticipée du 15 septembre et dont la campagne électorale a démarré lundi 2 septembre en Tunisie et la veille, à l’étranger. Une campagne qui, faisant fi des directives réglementaires de l’Isie et de la Haica, a démarré bien avant dans un climat tendu et délétère, de campagnes de diabolisation et de fake news, où la plupart des candidats ne se font pas la course en confrontant leurs programmes, mais la guerre par facebook interposé.
Réalités Online a voulu apporter sa contribution aux débats politiques en donnant la parole à quelques-uns parmi les candidats conviés à répondre aux mêmes six questions. Ci-après les réponses de Mongi Rahoui, candidat Front Populaire.
Vous président de la République, quel sera le premier grand dossier que vous ouvrirez dans chacun des domaines qui relèvent de vos compétences (la sécurité et les Affaires étrangères) ?
En matière de politique étrangère, le dossier le plus urgent à traiter demeure les relations inter-arabes et la menace terroriste qui plane sur nos pays. Cette menace s’est accrue à cause de la situation en Libye. Nous nous devons de jouer un rôle actif et constructif dans la réconciliation entre Libyens et la reconstruction de l’Etat afin que la Libye recouvre sa pleine souveraineté et mette fin au chaos. Nous rétablirons également et immédiatement nos relations diplomatiques avec l’Etat syrien. Quant au dossier sécuritaire, il faut rappeler que notre pays est encore sous la menace de hordes takfiristes salafistes sanguinaires alliées aux réseaux de la contrebande et du crime organisé. Ces takfiristes et autres criminels tentent de noyauter les structures de l’Etat et d’anéantir son autorité. Nous devons parer à tous ces dangers, nous devons développer les capacités de notre Armée et de nos forces de sécurité, nous devons également établir la vérité sur les assassinats politiques, l’appareil sécuritaire du parti Ennahdha et les réseaux d’enrôlement des jeunes et leur envoi vers les foyers de tension.
Vous serez le président de tous les Tunisiens. Pensez-vous être le chef d’Etat qui pourra mener la Tunisie vers la réconciliation nationale et l’aider ainsi à prendre son essor ?
Je crois que je suis le candidat le plus apte à réaliser la réconciliation nationale vu que j’ai subi moi-même l’oppression à cause de mes combats pour la liberté et la justice sociale. J’estime que les victimes de l’oppression sont les plus aptes à être porteuses de réconciliation. Les valeurs que je porte sont loin d’être des sentiments de vengeance, mais plutôt des valeurs de réconciliation basées sur la reconnaissance des exactions subies par les victimes et la détermination des responsabilités et ce, afin d’immuniser notre patrie contre les dérapages et les dérives dictatoriales.
La scène politique est en proie à un climat délétère qui menace la démocratie. Etes-vous pour une moralisation de la vie politique ? Si oui, seriez-vous disposé à présenter une initiative législative pour faire adopter une charte d’éthique politique ?
La moralisation de la vie politique exige tout d’abord l’adoption d’une nouvelle loi organique régissant les partis politiques en ce qui concerne leur constitution, mais surtout quant à leur financement. Cette nouvelle loi doit instaurer le financement public des partis et réprimer sévèrement tout financement illicite ou douteux surtout étranger. Elle doit pénaliser tout acte ou action des partis politiques qui avilissent l’action politique et humilient les citoyens.
La prochaine étape est hautement économique. Avez-vous une vision claire de ce qui doit être entrepris pour instaurer une diplomatie économique performante ?
Bien évidemment, la diplomatie de la Tunisie doit servir nos intérêts stratégiques économiques nationaux. Nos diplomates doivent avoir la formation, le professionnalisme et les compétences nécessaires pour réaliser nos objectifs économiques. Tout diplomate sera évalué principalement sur cette performance en matière économique définie dans le cadre d’un contrat programme qui lui sera soumis lors de sa nomination. Cette approche diffère totalement du système de nomination des diplomates, qui a prévalu toute ces dernières années sur la base de l’appartenance et / ou de l’obédience partisanes.
Pour gagner la confiance des Tunisiens, quelles conditions devrait satisfaire tout candidat à la magistrature suprême?
Pour gagner la confiance des Tunisiens déjà désabusés par tant d’impostures et de mensonges, il faut être intègre intellectuellement et moralement, avoir les compétences nécessaires pour assumer pleinement le rôle de président de la République, avoir l’audace de prendre les décisions les plus délicates pour défendre les intérêts suprêmes de la Tunisie.
Finalement, être en mesure de s’adresser au peuple et à ses futurs représentants à l’Assemblée des représentants du peuple d’une manière novatrice et efficiente et ce, loin des discours populistes et affligeants.
Propos recueillis par Y.A