Présidentielle : “J’engagerai une politique protectionniste sectorielle dans les cent premiers jours”, affirme Lotfi Mraihi (Union populaire républicaine)

Le processus démocratique entame une étape politique cruciale avec la tenue du troisième double scrutin, depuis les événements de 2011. Les cinq prochaines années devront être celles du parachèvement du processus démocratique avec la mise en place des instances constitutionnelles qui n’ont pas encore vu le jour, en particulier et de manière urgente la Cour constitutionnelle. Le prochain quinquennat est également chargé de défis  économiques et sociaux majeurs que les prochains dirigeants à la tête de l’Exécutif et du Législatif sont appelés à relever avec l’efficacité et la rapidité requises.
Vingt-six candidats concourent pour l’élection présidentielle anticipée du 15 septembre et dont la campagne électorale a démarré lundi 2 septembre en Tunisie et la veille,  à l’étranger. Une campagne qui, faisant fi des directives réglementaires de l’Isie et de la Haica, a démarré bien avant dans un climat tendu et délétère, de campagnes de diabolisation et de fake news, où la plupart des candidats ne se font pas la course en confrontant leurs programmes, mais la guerre par facebook interposé.
Réalités Online a voulu  apporter sa contribution aux débats politiques en donnant la parole à quelques-uns parmi les candidats conviés à répondre aux mêmes six questions.  Ci-après les réponses de Lotfi Mraihi, candidat Union populaire républicaine.

Vous président de la République, quel sera le premier grand dossier que vous ouvrirez dans chacun des domaines qui relèvent de vos compétences (la sécurité et les Affaires étrangères) ?
D’abord, je pense que cette lecture minimaliste des attributions du chef de l’Etat n’est pas conforme à la Constitution qui dans son article 72, fait de lui le garant de la Constitution et par conséquent, il est en charge également de veiller à l’application des droits sociaux et économiques qui sont sciemment explicités.
C’est pourquoi ma priorité sera la politique intérieure et en toute première urgence, l’économie avec une initiative qui sera introduite les cent premiers jours et qui visera à adopter une politique protectionniste concernant certains secteurs (ceux qui sont friands de main-d’œuvre, qui ne nécessitent ni gros investissements ni haute technologie et dont nous avons le savoir-faire). C’est pourquoi je l’appelle sectorielle et intelligente car elle fait appel à l’application de la TVA sociale pour contourner les accords internationaux auxquels nous sommes liés.

Vous serez le président de tous les Tunisiens. Pensez-vous être le chef d’Etat qui pourra mener la Tunisie vers la réconciliation nationale et l’aider ainsi à prendre son essor ?
La Constitution fait du chef de l’Etat le symbole de l’unité nationale, la restaurer et la préserver sera ma priorité. Pour cela, il faut apaiser le climat politique et sévir contre les appels à la haine et à l’exclusion. La Tunisie appartient à tous et l’Etat garantit le droit à la différence dans le strict respect de la Constitution et de la République.

La scène politique est en proie à un climat délétère qui menace la démocratie. Etes-vous pour une moralisation de la vie politique ? Si oui, seriez-vous disposé à présenter une initiative législative pour faire adopter une charte d’éthique politique ?
Le climat politique est délétère, c’est le moins que l’on puisse dire, avec des pratiques qui échappent à tout contrôle, où certains partis sont devenus de fait des Etats parallèles. La moralisation de la vie politique devient un impératif où le financement des partis politiques doit être davantage encadré et suivi à la loupe pour rompre avec les suspicions insistantes d’un financement étranger, où la délégation de mandat politique par le citoyen doit être respectée pour mettre un terme au tourisme des élus d’un parti à l’autre, où l’exercice politique doit être considéré comme un acte de volontariat pour servir la communauté nationale et non une démarche visant un bénéfice matériel ou un statut social. Pour cela, le peuple, détenteur de la souveraineté, doit avoir entre les mains le moyen de contrôler ses élus et au besoin, de les révoquer. Il ne s’agit nullement d’une charte ou d’un énoncé de bonnes intentions mais d’une politique d’Etat qui passera nécessairement par un amendement de la Constitution pour donner davantage de prérogatives au peuple.

La prochaine étape est hautement économique. Avez-vous une vision claire de ce qui doit être entrepris pour instaurer une diplomatie économique  performante ?
Je vous l’accorde. L’état de notre économie est l’urgence qui prime. Avant d’envisager une diplomatie économique, faudrait-il d’abord avoir quelque chose à promouvoir autre que nos produits agricoles traditionnels. Je le répète encore, la priorité sera donnée à l’économie nationale pour qu’elle retrouve vigueur et croissance. Ce n’est qu’une fois que nos entreprises ont retrouvé vigueur et compétitivité qu’une action concertée est lancée pour en faire la promotion.

Pour gagner la confiance des Tunisiens, quelles conditions doit satisfaire tout candidat à la magistrature suprême?
J’ai longuement sillonné le pays. Là où j’ai été, je n’ai entendu qu’une seule attente exprimée par nos compatriotes concernant ceux qui doivent les gouverner, avant les programmes et les projets, la probité et la sincérité.

A quel moment précis avez-vous pris la décision de présenter votre candidature ?
C’est une décision que j’ai prise au cours de l’élection présidentielle de 2014 où les Tunisiens n’ont eu d’autre choix que de voter pour le moins mauvais des candidats. Je pense que l’offre politique doit être telle que les Tunisiens pourront élire le meilleur des candidats.

Propos recueillis par Y.A

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