Presse : désintoxiquer le secteur

La liberté de la presse est-elle menacée dans la Tunisie de la deuxième République ? Si oui, par qui et pourquoi ? Ce sont là les questions qui préoccupent tous les intervenants du secteur, journalistes, patrons de presse, et même les plus hautes sphères de l’Etat et auxquelles la réponse est simple. Oui, cette liberté acquise grâce à la révolution est aujourd’hui menacée à plus d’un titre et par plus d’un.
Une véritable mafia politico-financière s’est installée dans le secteur et pris en main certains titres pour s’attaquer à tout le monde à travers un réseau mafieux comprenant même des hauts cadres de l’administration publique soudoyés pour fournir divers documents permettant de dénigrer et de s’attaquer à diverses personnes et personnalités et de les faire chanter.
Prenant acte du danger qui guette la liberté de la presse et la crédibilité du secteur, les organisations représentatives de la profession, la Fédération tunisienne des directeurs de journaux et le Syndicat national des journalistes tunisiens, unis dans ce combat, mènent une large campagne de sensibilisation des autorités pour mettre fin à ces agissements.
Et c’est, justement, dans ce contexte que s’inscrit l’audience accordée ce matin par le président de la République, Beji Caïd Essebsi, aux représentants de ces organisations, Taïeb Zahar, président de la FTDJ, Fahem Boukadous pour le SNJT – Néji Bghouri étant en mission à l’étranger – accompagnés du président de l’Instance nationale de lutte contre la corruption, Chawki Tabib. Le président de la LTDH devait prendre part à cette rencontre mais semble avoir eu un empêchement.
Cette rencontre a permis d’attirer l’attention du chef de l’Etat sur les agissements de certains responsables de cette presse de caniveaux et qui portent atteinte à la crédibilité de tout le secteur en général et à la crédibilité de ceux qui y exercent en particulier.
L’exemple du journal « Thawra news » et de son propriétaire a, semble-t-il, était cité à plusieurs reprises devant le président de la République, qui agit au nom de personnes qui se sont organisés en association de malfaiteurs et de malfaisants pour faire chanter leurs cibles et leur extorquer des fonds à travers les menaces proférées de publication « d’informations » les concernant et pouvant leur porter préjudice.
L’accent a été mis sur le fait que ces publications ne respectaient en rien l’éthique et la déontologie de la profession et ne répondaient nullement à ce qui est communément appelé journalisme d’investigation ni n’avaient un quelconque rapport avec la liberté d’expression. Il faut souligner que cette mafia politico-financière agit avec la complicité de certaines parties appartenant aux corps de la justice et du ministère de l’intérieur.
A titre d’exemple, on peut citer le cas du juge qui vient d’être arrêté à Gafsa pour ce genre d’affaires. Les fouilles menées à son domicile ayant permis de découvrir des dossiers d’affaires qui prouvaient sa collaboration avec « Thawra News ». Ce journal collaborerait également, avec des responsables du ministère des Finances qui lui transmettaient des dossiers à des fins d’extorsion. « Thawra News » est au centre de toutes ces affaires.
Un dossier détaillé (photos à l’appui), aurait même était remis au chef de l’Etat par le président de l’INLUCC, Chawki Tabib, incriminant Haj Mansour, propriétaire de « Thawra News » de connivence avec des hauts cadres de l’Etat et impliqués dans ces affaires de chantage.
Une question s’impose ici. Pourquoi les autorités ont-elles laissé faire ce journal, et d’autres encore, sans lever le petit doigt ou même mener une enquête sur l’origine de ces informations ? Ceci nous mène à nous interroger, également, sur le silence des victimes de cette mafia qui s’est installée à l’ombre de la révolution pour agir dans l’impunité totale.
Il est temps de mettre un terme à ces agissements et de suspendre ces publications qui n’ont aucune raison de meubler la scène médiatique avec leurs mensonges et leur intox. Les autorités, particulièrement la présidence de la république, doivent réagir et agir au plus vite pour désintoxiquer le secteur de la presse de ces titres qui lui portent préjudice… la loi les y autorise.
Le président de la République qui, semble-t-il, a été sensible à cette affaire, n’a pas caché son mécontentement assurant qu’il va prendre les choses en main et qu’il fera appliquer la loi sans réserve aucune. Garant du respect de la Constitution, Beji Caïd Essebsi est appelé à agir très vite dans le respect total de cette même Constitution. La situation du pays, à tous les niveaux ne doit souffrir d’aucun dérapage de quelque nature que ce soit.
L’Etat d’urgence toujours en vigueur permet au Chef de l’Etat de prendre des mesures exceptionnelles…même celles de fermer le bec à la presse de caniveaux.
Le combat continue.

Faouzi Bouzaiene

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