Prestation de serment : le fond et la forme

Quelle belle image que celle transmise par cette cérémonie de prestation de serment du nouveau président de la république tunisienne, Kaïs Saïed. Une cérémonie qu’a abritée l’Assemblée des représentants du peuple qui a connu une affluence inhabituelle à tous points de vues.
De par la présence de tous les élus du peuple, les anciens et les nouveaux, de tous ceux qui ont gouverné ce pays entre ancien chefs d’Etat et chefs de gouvernements, des représentants de pays frères et amis et du corps diplomatique et cerise sur le gâteau, ceux des organisations nationales, des partis politiques et  de la société civile.
Mais il y a un fait que l’histoire retiendra, c’est la présence, à cette cérémonie, de trois candidats malheureux à la présidentielle et qui étaient là, chacun dans sa fonction première. Abdelfettah Mourou, président de l’ARP par intérim, Youssef Chahed, Chef du gouvernement, Abdelkerim Zbidi, ministre de la défense, ont donné l’image d’une Tunisie resplendissante. Celle d’un pays qui n’a pas attendu longtemps – rien que huit années – pour voir  enracinée la pratique démocratique et le processus de passation de pouvoir se faire pacifiquement, dans le respect des uns et des autres mais, et surtout, celui de la constitution.
Qu’elle est belle cette Tunisie qui fait exception.

Kaïs Saïed assure et rassure !
Après avoir prêté serment, les premiers mots du président de la république à l’adresse de l’assistance et de son peuple étaient que la Tunisie vivait un moment historique et qu’elle impressionnait le monde entier. Et pour cause.
« C’est une vraie révolution avec un sens nouveau, car ce qui s’est passé est une révolution non pas contre la légitimité mais avec les moyens de la légitimité. Les révolutions culturelles sont une nouvelle conscience qui explose après une longue attente ».
Dans ce même ordre d’idée, il expliquera que ce qui impressionne le monde dans ce que vit la Tunisie, c’est ce moment « historique qui vient bouleverser le cours de l’histoire d’un peuple ». Kaïs Saïed poussera l’idée jusqu’à affirmer que « le monde va commencer à étudier le modèle Tunisien dans les centres de recherche et révisera les notions installées depuis des siècles ».
Dans ce contexte, il remerciera  les Tunisiens et Tunisiennes  « pour leurs efforts, eux qui ont tout bravé pour avancer et construire une nouvelle histoire« .
Se présentant en rassembleur, le président ne manquera pas de remercier, également, « ceux qui ont choisi un autre chemin, qui ont apporté leurs voix à d’autres ». Il n’omettra pas de remercier ce qu’il a appelé les enfants de ce pays, allusion aux jeunes qui avaient pris à bras le corps son projet et qui pour ce faire, « ont impressionné le monde en ayant recours à des moyens innovants, tous ici portent une responsabilité, chacun de sa position pour la liberté et la dignité des enfants de ce peuple et nous ne pouvons les décevoir ! Le peuple Tunisien ne s’est pas suffi à l’Etat de droit mais s’est transformé en une société de droit « .
Seul l’Etat est pérenne, tout le reste passe et cet Etat est celui de tous les tunisiens.

Retour aux fondamentaux de la révolution
Le discours de Kaïs Saïed était pleins de messages même s’il a précisé qu' »il n’y a pas lieu d’adresser ici des messages car ceux-ci sont déjà parvenus à leurs destinataires, sauf à ceux qui ont refusé de les écouter ».
Parmi ses messages ceux portant sur le respect des fondamentaux de la révolution, la liberté, l’emploi et la dignité. Il assurera que les acquis de la révolution seront préservés et que « personne ne viendra ôter les acquis de la révolution, sous aucune bannière, les nostalgiques de l’ancien système poursuivent un mirage ».
Il rassurera sur les acquis et droits de la femme. Ils « seront préservés et renforcés ». Il n’y a point de dignité pour les peuples sans respect de la dignité de la femme.
Et des mises en garde en filigrane, le discours en portait. « l n’y a pas lieu pour aucun écart quand il s’agit de la loi »… »chacun de nous doit être un modèle et il n’y a pas lieu au pardon pour un seul millime des enfants de ce grand peuple »…
Sur un autre plan, le président de la république a renouvelé l’engagement du pays à poursuivre la lutte contre le terrorisme et l’éradication de toutes ses causes soulignant qu’une « balle terroriste sera affrontée par des rafales de balles que rien ne viendra arrêter ».

Mettre fin à l’injustice
Se référant toujours aux aspirations du peuple à travers sa révolution, Kaïs Saïed rappellera que les tunisiens n’aspirent pas qu’à la liberté mais aussi à la justice et considère que « l’injustice a assez sévi et il est temps de réaliser les attentes du peuple, pour l’emploi, la liberté et la dignité. Les organismes nationaux sont sans nul doute des forces de proposition patriotes ».
Un autre message qui porte en lui un appel au peuple qui selon lui « adresse au monde un message, celui de vouloir participer à l’avancée de son pays, car celui qui donne son sang pour son pays, s’y consacre aussi par le travail ».


Dans ce contexte, une première idée est véhiculée par ce premier discours. Saïed se fera l’écho de citoyens qui ne cachent pas leur engagement pour améliorer la situation du pays et proposent de  participer à renflouer les caisses de l’Etat à partir de dons prélevés sur leurs salaires. Il fera sienne cette idée et la met à l’air du jour.
« Chacun pendant 5 ans est prêt a faire don d’un jour de travail pour remplir à ras bord les caisses de l’Etat ». Le chef de l’Etat a voulu, également, à travers cette proposition montrer qu’il était concerné par toutes les questions qui touchent aux intérêts du pays fussent-elles économiques car touchant à l’amélioration des conditions de vie des tunisiens  et à la création de richesse donc d’emplois.
A travers son discours, il a voulu également faire valoir la pérennité des institutions de l’Etat grâce auxquelles ce dernier perdure.
Autre principe qui , selon la constitution relève de ses prérogatives, la place de la Tunisie dans le monde et les fondamentaux de sa diplomatie. Il réaffirmera que « parmi nos premières valeurs, celle d’être dans le monde, de nous unir avec nos amis, en Afrique, dans le monde Arabe, avec nos amis du nord de la méditerranée et nos amis qui partagent nos valeurs. Nous défendrons les causes justes et en premier lieu, la cause palestinienne… il est temps que cette injustice  cesse ».
Pour ce premier discours, le nouveau président de la république a tracé les grandes lignes de sa vision, mettant en valeur sur les défis qui attendent le pays et les lourdes responsabilités à assumer.
« Nous aspirons à un autre monde, à participer à écrire une autre histoire où l’aspect humain dominera les autres », précisera-t-il.
La tâche est ardue et les choses sérieuses commencent maintenant.
Vive la Tunisie.

 

 

 

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