A l’aube de 2017 et après la réussite de la conférence internationale de l’investissement, nous devons engager rapidement les actions nécessaires à l’intensification de la croissance économique et à la création intensive d’emplois durables.
Pour cela, la priorité en matière d’investissements publics devrait être accordée à la réalisation des infrastructures de base, plate-forme indispensable pour attirer investisseurs tunisiens et étrangers, mais aussi améliorer les conditions de vie pénibles d’une grande partie de la population qui vit dans les 14 gouvernorats défavorisés.
En effet, afin de restaurer la confiance entre l’Etat et les acteurs économiques afin de reconstruire l’économie du pays, le gouvernement doit émettre des signaux forts et visibles pour toute la population et générateurs de réactivation de l’économie dans les régions intérieures.
Il doit lancer plusieurs chantiers et projets de grande envergure.
Cela fait six ans depuis le déclenchement de la Révolution, qui a soulevé des espoirs légitimes pour un mieux-être, que les gouvernements successifs font des promesses et prennent des engagements sans suite et sans effets concrets.
Les indicateurs sont là pour prouver la dégradation de la situation socio-économique.
Il faut dire que l’infrastructure de base dans notre pays était déjà en 2010 nettement en deçà des besoins de notre population et des impératifs de notre économie. En outre, faute d’une maintenance préventive ou curative efficace, l’infrastructure s’est détériorée et dégradée de façon sensible.
D’ailleurs, très peu de travaux et d’investissements étatiques ont été consentis depuis janvier 2011.
Pire, la plupart des chantiers qui étaient en cours d’activité à l’époque ont été paralysés ou abandonnés, sinon pillés.
Cependant, la démocratisation de la vie politique a provoqué la confiance des bailleurs de fonds internationaux et c’est pourquoi, notre pays a obtenu plusieurs crédits de leur part, relatifs à des projets d’infrastructure depuis plusieurs années déjà, mais les projets n’ont pas encore démarré.
La BAD, le FADES et la BEI en particulier ont accordé des crédits avec des montants élevés durant les années 2012, 2013 et 2014 à notre pays avec signature de conventions, suite à des projets présentés par les autorités tunisiennes, mais concrètement les chantiers n’ont pas encore démarré, malheureusement.
C’est que l’Administration n’est pas empressée d’achever les études, de préparer les dossiers d’appels d’offres avec cahiers des charges et de voir les projets se réaliser concrètement.
C’est seulement en octobre 2016 que l’appel d’offres relatif à l’aménagement du réseau routier classé a été lancé, il porte sur 22 gouvernorats et a été scindé en deux lots.
Or le financement de ce projet a été accordé et signé par le BAD il y a plus de quatre ans : que de temps perdu, car l’achèvement des travaux va demander encore plusieurs années.
Il s’agit de 334 km pour un investissement de 203 MD pour le premier lot et de 397 km pour le deuxième lot
Les travaux de renforcement du réseau routier classé qui concernent 425 km financés par le FADES ne commenceront qu’en 2017, alors que le crédit pour les financer a été accordé en 2012 soit 145 MD. L’appel d’offres n’a été lancé qu’en octobre 2016. Il faudrait attendre encore le dépouillement des offres avant le début des travaux.
Il y a un gachis et un dérapage au niveau des délais qui se répercuteront surement sur les coûts. Il est inadmissible. C’est que la construction de routes et l’aménagement de pistes rurales sont les instruments les plus efficaces pour le désenclavement des zones défavorisées et la pénétration du progrès socio-culturel et de la croissance économique dans les régions intérieures défavorisées.
C’est ainsi que le projet d’autoroute d’abord puis modifié sous forme de voies express reliant les zones intérieures du Nord-Ouest, Centre-Ouest et Sud-Ouest au villes littorales est né depuis le début 2011, mais les choses ont trainé, car il n’y avait pas de volonté politique forte ni de stabilité politico-sociale pour engager de grands projets.
Ce projet est devenu en 2016 “corridors stratégiques”.
Les corridors stratégiques Est-Ouest consistent à relier les gouvernorats de Kasserine-Sidi Bouzid et Gafsa aux gouvernorats de Sfax et Gabès par un dédoublement des voies sur une longueur de 300 km. L’étude de faisabilité économique et d’impact sur l’environnement sera financée par le fonds fiduciaire de la FEMIP (BEI) et le fonds de transition Mena.
Il s’agit de cinq corridors qui seront en principe opérationnels en 2021 avec un coût estimatif total de 2.453 millions de dinars et des échanges intensifs entre un pôle industriel portuaire et touristique littoral (Sousse, Sfax et Gabès) et un pôle intérieur agro-pastoral (Kasserine-Sidi Bouzid et Gafsa) destiné à favoriser le développement des zones enclavées et défavorisées.
Quels sont les autres grands projets structurants qui méritent d’avoir la priorité en raison de leur impact positif probable sur la croissance économique du pays et le développement des régions défavorisées ?
Il y a le pont de Bizerte : Bizerte est un pôle industriel et une ville touristique en pleine expansion or la ville est asphyxiée à cause d’un pont mobile étroit et dépassé par l’évolution du site urbain.
Il n’était pas logique depuis quinze ans déjà de faire aboutir une autoroute reliant la capitale à un pont mobile étroit.
Il est donc nécessaire de désenclaver Bizerte par un pont suspendu qui permet aux bateaux de circuler librement dans le canal.
L’extension du port de Radès (90% du trafic containers du pays) par la construction de deux quais supplémentaires s’impose pour éviter que les bateaux restent en rade et afin d’améliorer la productivités du port (12 containers/heure).
La construction d’une zone logistique attenante de 50 ha s’impose, il faut également désengorger le port qui est devenu un parking pour containers, ce qui n’est pas sa vocation.
L’édification de plusieurs barrages revêt un caractère d’urgence pour assurer un approvisionnement régulier de la population en eau potable et veiller à l’extension des périmètres irrigués.
Il s’agit du Haut Mellègue au Kef, Oued El Kébir à Gafsa et El Hanka à Bizerte, outre plusieurs ouvrages de transfert des eaux du Nord vers le Centre du pays à parachever.
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