En ces temps de planétarisation des consciences, la transmigration est devenue une problématique majeure dans les débats en Europe et aux États-Unis. Elle suscite des sentiments violemment contrastés : repli identitaire, peurs, violences, rejet empreint de racisme et de xénophobie. Plus personne ne peut prétendre aujourd’hui cultiver son insularité. Au cœur de ces transformations, l’émigration a bouleversé la donne et modifié la physionomie des sociétés par l’émergence des diasporas et leur implication structurelle dans ce nouveau monde. C’est pour sortir de ces aspects méconnus, parfois négligés, que nous avons jugé utile de valoriser ce sujet éminemment stratégique, en essayant de répondre à certaines interrogations, dont celles-ci :
Comment, en effet, négliger les apports positifs de l’action des diasporas établies en Europe et dans le monde, en conformité avec les lois des pays d’accueil ? Pourquoi minimiser la participation des personnes régulièrement intégrées de ces diasporas à l’effort fourni pour le maintien des modèles socio-économiques et du rattrapage démographique dans les pays hôtes ? N’est-il pas nécessaire de nuancer l’approche des différentes catégories de ces diasporas, entre celles menant des travaux pénibles — mais ô combien nécessaires — et celles qui œuvrent dans les mondes universitaires, scientifiques et culturels des pays d’accueil, avec des succès parfois éclatants ? C’est le cas d’écrivains « diasporiques » obtenant des prix prestigieux comme le Goncourt, ou de scientifiques, comme le chimiste tuniso-franco-américain Moungi Bawendi, établi aux États-Unis, enseignant au MIT et ayant obtenu le Prix Nobel de chimie 2023.
Lorsqu’en accord avec la direction de la Maison de la Tunisie, située sur le campus de la Cité Internationale Universitaire de Paris, le Programme MED 21 a décidé de créer un nouveau Prix portant le nom de la Fondation de cette Maison, nous n’avons pas mis longtemps à choisir, avec nos partenaires, le contenu de ce Prix et lui avons assigné l’objectif de souligner l’apport des diasporas universitaires, scientifiques et culturelles originaires de Tunisie, du Maghreb, du monde arabe et de l’Afrique.