Prix: Révision à la baisse, une promesse tenue ?  

marché

Faire ses courses devient pour de plus en plus de familles un véritable supplice. Des salaires qui ne suffisent plus pour s’approvisionner. Nombreux sont les produits que les Tunisiens, surtout les salariés de la Capitale, achètent de moins en moins … Et pourtant, le ministère du Commerce a annoncé aujourd’hui une mesure qui risque de faire plaisir aux ménages.

 

Baisser le prix du poisson ou noyer le poisson ?

« Moi, je n’ose même plus regarder les prix du poisson … ça fait longtemps que je n’ai pas acheté du poisson frais. Je me contente en fait des sardines en boîte ou du thon en conserve quand il y a des promos. C’est excessivement cher. J’ai trois enfants, et souvent des parents qui viennent à la maison. Il me faut au moins 2 kg de poisson pour un seul repas pour toute la famille. Je touche 600 dinars, c’est en principe un bon salaire. Ma femme touche 450 dinars. Entre la garderie, le loyer, l’eau et l’électricité … Comprenez, on a du mal à se nourrir ! Pourtant bien des gens rêveraient d’avoir 600 dinars de salaire. A nous deux, on touche 1050 dinars … ça parait beaucoup et pourtant ! »

Le ministère du Commerce dit être conscient de ce problème, et agir en conséquence.

Dès aujourd’hui, d’après le responsable de communication au ministère du Commerce, Mohamed Ali Ferchichi, la marge de bénéfice fixée à la vente au détail de poisson est désormais de 25% pour le poisson vendu sans entretien après la pêche et de 35% pour le poisson nettoyé et coupé en morceaux.

Une décision vivement contestée par certains poissonniers. Mohamed est un vendeur populaire au marché de Nabeul, restaurants, grand-mère, père de famille et ménagère l’appellent pour leur commande et ont une relation bien particulière avec ce vendeur au large sourire qui a tout pour inspirer confiance.

« Vous savez, on ne fait pas un métier facile … Ce n’est pas tous les jours qu’il y a du poisson, ce n’est pas tous les jours que la pêche est bonne. Tu le vois, il y a depuis une semaine un sacré vent du sud, aucun bateau n’a quitté le port, le temps est mauvais … Je peux vendre du vieux poisson, mais ça ne m’arrange pas de perdre mes bons clients alors si on me fixe cette marge, comment je peux rattraper les autres jours … Il faut bien que je paie mes salariés, le loyer … J’ai trois boutiques ! Comment gérer. C’est impossible de contrôler comme ça le prix du poisson. Ce n’est pas une usine qui produit toute l’année avec une matière première disponible … C’est trop compliqué ! »

 

Les Tunisiens, de mauvais consommateurs ? 

« Nous avons des produits de saison … des produits de terroir, des choses à portée de tous mais qui en plus sont très riches sur le plan nutritif … Ils permettent d’avoir une alimentation saine et protègent même de beaucoup de maladie mais nous, on s’entête à vouloir manger tout et n’importe quoi, à n’importe quel moment … Peu importe les saisons, de la pastèque et du melon en hiver … Bref, c’est normal que le consommateur paye le prix fort. De plus, on ne sait pas boycotter un marchand qui vend cher … Quand on augmente le prix d’un aliment, on sait que les gens vont continuer à acheter. Il suffit pourtant d’avoir une attitude « de bon consommateur », de savoir dire non pour réguler le marché. On ne doit pas attendre que le ministère de je ne sais pas trop quoi intervienne à tout bout de champs » s’indigne un membre actif de la société civile.

Il n’est pas le seul à constater cette attitude, d’autres sur le Net ont même créé des groupes pour dénicher les bons plans, dénoncer les arnaques, tester les restaurants et même les écoles et les crèches !

Mohamed Ali Ferchichi, responsable de la communication au ministère du Commerce a même ajouté « Au-delà du travail que nous faisons, le consommateur peut lui-même dénicher les bonnes affaires, exiger qu’on affiche les prix. Si chacun de nous boycotte les marchands qui n’affichent pas les prix, tous les marchands afficheront leurs prix. J’ai vu cette semaine dans un marché au centre ville de Tunis de très belles tomates, très rouges et de grande taille à 660 millimes ! Il faut aller dans les marchés, faire le tour et ne pas acheter chez le premier venu qui impose son prix. 

Nous, de notre côté, nous faisons le nécessaire pour contrôler mais nous manquons cruellement d’effectifs. Il suffit que trois délégations partent dans d’autres gouvernorats qu’il ne reste plus rien pratiquement pour la Capitale »

 

La baisse des prix, à qui le tour ?

La baisse des prix touchera aussi d’autres produits comme la viande blanche et la viande rouge. Il s’agit en fait de bloquer la marge de bénéfice.

Selon Mohamed Ali Ferchichi, les nouvelles sont plutôt bonnes

« Pour les viandes rouges, il faut s’attendre à une baisse qui sera au minimum de 2 dinars le kg et pour les volailles de 500 millimes le kg.

Selon un nouvel arrêté, les oignons importés ne dépasseront plus 1 dinar dès maintenant.

De nouvelles conventions seront signées avec les grandes surfaces  pour rationnaliser les prix de certains aliments mais aussi les détergents. »

Il faut savoir que les produits de beauté ont connu une hausse des prix de l’ordre de 120%.

Ces promesses seront-ils tenues ? Le bras de fer entre producteurs, commerçants, distributeurs et ministère peut-il être laissé de côté au profit du consommateur …

Affaire à suivre …

Yasmine Hajri

 

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