La régulation en gestation

Bien que l’autosuffisance ait été réalisée depuis dix ans environ en matière de lait et dérivés, le secteur connaît régulièrement des fluctuations et des remous significatifs de dysfonctionnements, révélateurs de défaillances de la part des uns ou des autres.

Les pouvoirs publics qui assurent la tutelle du secteur n’arrivent pas à maîtriser la gestion du système productif et la régulation du marché.

Tantôt il y a pénurie de lait sur le marché en période de basse lactation et tantôt il y a du lait gaspillé à cause de la surproduction, malgré l’existence de primes étatiques pour financer le stockage. Une perte sèche pour l’économie nationale et les éleveurs.

Il faut dire que le dispositif de production comporte 8 centrales laitières et une unité d’assèchement du lait. La production annuelle de lait UHT par les centrales laitières est de 1130 millions de litres, alors que plus de 40% de la production de lait fait l’objet d’auto-consommation et emprunte le circuit informel de livraison de porte à porte avec les risques et menaces énormes que l’on connait sur la santé des consommateurs.

Il y a lieu de remarquer qu’un gros effort reste à faire par les éleveurs pour ce qui est de la qualité du lait livré aux centrales laitières : sa pureté et ses qualités bactériologiques laissent parfois à désirer. Ce qui oblige les centrales à faire des analyses de laboratoire et à procéder à des traitements appropriés.

Il faut dire que le socle de base de la pyramide laitière est constitué par les éleveurs qui investissent dans l’acquisition de vaches laitières de race et assument l’alimentation de ce cheptel, la production et la livraison de lait.

Or, les éleveurs sont dans leur majorité des petits éleveurs : 80% de la production de lait est assurée par des élevages qui comptent au maximum 5 vaches.

Ce sont essentiellement des élevages hors-sol, c’est-à-dire sans culture de fourrages sur une superficie de terre exploitée dans ce but par l’éleveur. Ce qui fait que l’alimentation du cheptel est assurée par des aliments composés d’origine industrielle à base de maïs importé. Or, il y a flambée des prix sur le marché mondial de ce maïs importé en Dollars. Il s’en suit la détérioration de la rentabilité des élevages vu que les prix de cession aux centrales sont fixes.

Le maillon essentiel de la filière laitière qui fait fonction d’interface entre les éleveurs et les centrales laitières est celui des centres de collecte de lait dont les atouts principaux sont la proximité vis-à-vis des éleveurs, ainsi que les moyens de transport et la capacité de conservation réfrigérée du lait. Ces centres qui ont dépassé le nombre de 150 ont besoin d’une véritable mise à niveau avec renforcement de leurs équipements de réfrigération et de transport, ainsi que la reconstruction de leurs moyens financiers pour leur permettre de prêter une assistance réelle à leurs adhérents, les éleveurs.

Les éleveurs estiment que le coût de l’alimentation du cheptel entre pour 50% au minimum dans la structure du prix de revient final du lait. Il faut absolument prêter assistance aux petits éleveurs pour sauvegarder le cheptel car c’est un capital précieux : soins vétérinaires, hygiène, alimentation équilibrée.

C’est la régulation du marché, compte tenu de l’évolution de la production : +4% en 2012 par rapport à 2011 qui doit être faite de façon rationnelle pour préserver les équilibres en toutes saisons.

En effet, pour cela on peut jouer sur certaines variables qui sont au nombre de trois pour éviter pénurie d’un côté et surproduction de l’autre. Il y a d’une part les possibilités d’exportation sur la Libye et ailleurs. Il y a également l’usine d’assèchement du lait destinée à approvisionner les producteurs de yaourt en poudre de lait. Il y a enfin les stocks stratégiques et les stocks destinés aux périodes de pointe comme le mois de Ramadan, financés par l’Etat.

Les trois possibilités permettent d’éponger les excédents et de veiller à la régulation du marché, ce qui éviterait les gaspillages de lait sur les routes.

Par Ridha Lahmar

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