Dans un rapport diffusé récemment, la WWF a tiré la sonnette d’alarme quant aux 600 000 tonnes de plastiques rejetées chaque année dans la mer Méditerranée qui constitue un des réservoirs majeurs de la biodiversité marine et côtière, avec 28% d’espèces endémiques et 7,5% de la faune et 18% de la flore marine mondiale. Cette petite mer semi-fermée est riche de nombreuses îles et bancs sous-marins. Il s’agit aussi d’une aire majeure d’hivernage, de reproduction et de migration. La surface de la Méditerranée représente 1% de toutes les surfaces de tous les océans, mais elle représente 20% de la production marine mondiale.
Un drame silencieux
« De nos jours, on fait tous face aux problématiques de la pollution. Que ce soit en ville où à la compagne, tout est contaminé; on respire des pesticides toxiques. Des dizaines de milliers de polluants nous entourent», a déploré Samia Cherif, professeur au Département de l’Environnement à l’Université de Tunis El Manar (ISSBAT) et membre du Comité éditorial du MedECC lors d’un débat sur le thème « les défis écologiques en méditerranée », organisé par Med Dialogue for Rights and Equality.
Les effets des composés polluants qui sont en général chimiques, ne sont pas immédiatement visibles et ils s’accumulent dans le corps et dans l’environnement doucement. Ces effets sont insidieux, ils ne sont visibles qu’après un certain temps.
L’action n’est plus seulement d’interdire maintenant, elle doit être durable avec une vision et une approche à long terme, une stratégie globale économiquement efficace et qui reste profondément dans les rites racines du mécanisme de développement.
« C’est probablement ce qui explique la prise de conscience tardive en ce qui concerne le changement climatique, puisque la température a augmenté lentement et le niveau de la mer a à son tour augmenté. Les effets de ces changements ne frappent pas soudainement. Donc la prise de conscience a été retardée et le déni était facile. Nous assistons à des phénomènes inhabituels comme l’augmentation de la fréquence des inondations et des sécheresses (preuve : la température a augmenté). Donc, la région méditerranée se réchauffe 20% plus rapidement que le reste de la planète. »
D’après les études de Samia Cherif, nous assisterons également à la montée du niveau de la mer d’environ un mètre d’ici 2050 soit dans 30 ans. Il s’agit de la conséquence la plus redoutée et la plus connue du réchauffement climatique. Ceci provoquera systématiquement une pénurie d’eau. 250 millions de personnes seront victimes de cette pénurie, chose qui impose des mesures d’urgence. Ces changements mettent en péril l’écosystème et le bien-être humain. Cet avertissement devrait nous inciter tous à agir immédiatement.
La région méditerranéenne était déjà considérée comme un point chaud pour la rareté de ses ressources en eaux. Aujourd’hui, elle constitue également un point chaud du changement climatique.
Quel rôle pour la société civile ?
« Comment peut-on changer les modes de consommation et de production en partenariat avec les différents pays méditerranéens qui ont été affectés sur tous les plans ? » s’est de son côté interrogé Mounir Majdoub, expert en environnement et développement durable et ancien Secrétaire d’État à l’Environnement, lors de ce même débat.
Mounir Majdoub considère que les problèmes environnementaux, y compris le changement climatique et la hausse des températures, ne peuvent être envisagés sans lier ces phénomènes à la vie quotidienne et les modes de consommations et de production des habitants de la méditerranée. Il s’agit selon lui du tout premier défi à relever face aux dangers de la hausse de la température. En effet, la méditerranée se réchauffe 20% plus rapidement que le reste de la planète, ce qui provoque systématiquement la montée du niveau de la mer, la sécheresse, les inondations et tous ce qui menacent les êtres humains. D’ailleurs, plus des deux tiers de la population méditerranéenne vivent dans les zones côtières.
Mounir Majdoub, ajoute que le deuxième défi consiste en la résolution des conflits qui opposent certains pays méditerranéens et qui sont majoritairement liés aux ressources énergétiques; pétrole, gaz, énergies renouvelables etc. Selon lui, la situation vécue par la région au cours des 30 dernières années sera de plus en plus compliquée.
W.A (Stagiaire)