Prolongation du mandat de l’IVD : Ennahdha qui est pour, Nidaa qui est contre

Sihem Ben Sedrine, présidente de l’Instance Vérité et Dignité (IVD)

La présidente de l’Instance Vérité Dignité (IVD), Sihem Ben Sedrine, continue à faire cavalier seul défiant l’Etat et ses institutions. Outre la polémique suscitée par l’externalisation de ses archives, l’Instance a décidé, par la voie de sa présidente, de prolonger son mandat d’un an conformément à lun article de son statut.
De part et d’autre, nombreuses étaient les réactions. Même s’ils n’ont pas encore adopté de positions officielles, des partis politiques se sont exprimés sur le sujet par le biais de leurs représentants.

Ennahdha : soutien indéfectible de Ben Sedrine
Dans une déclaration à Réalités Online ce jeudi 1er mars 2018, Mohamed Ben Salem, dirigeant au sein d’Ennahdha et député à l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), s’est dit étonné de l’ampleur que le sujet a pris. « Il ne mérite pas autant de bruit, d’autant plus que l’IVD n’a pas encore achevé son travail, sans tenir compte des raisons qui l’en ont empêchée de le faire : manquements de la part de l’IVD ou absence de soutien de la part des pouvoirs », a-t-il déclaré.
Le député a souligné qu’il existe un acharnement contre l’IVD, étant donné que son travail dérange. « Le statut de l’IVD l’autorise à effectuer une prolongation de son mandat », a-t-il renchéri. Interpellé sur les dépassements commis par Sihem Ben Sedrine, notamment vis-à-vis du Tribunal Administratif, Mohamed Ben Salem considère qu’il est certain que des lacunes existent au sein de l’IVD. Cependant, poursuit-il, l’ARP doit d’abord commencer par combler les vacances au sein du conseil de l’Instance. « Il faut rendre à César ce qui est à César : il existe des manquements de la part de l’IVD, mais également de la part d’autres parties », a-t-il encore ajouté.

Pour Nidaa Tounes, hors de question de prolonger le mandat de l’IVD
L’autre parti de la coalition au pouvoir, Nidaa Tounes, est contre la prolongation du mandat de l’IVD, selon Héla Omnrane, députée de Nidaa Tounes au sein de l’ARP. « Il est hors de question de prolonger le mandat », a-t-elle déclaré à Réalités Online ce jeudi, s’interrogeant sur le bilan de l’Instance de Ben Sedrine : « Qu’a-t-elle accompli ? Son bilan est négatif sur tous les plans ! Il n’y a eu que des problèmes. De plus, l’IVD boycotte l’ARP, la présidence de la République, la présidence du gouvernement et dernièrement les médias », a-t-elle expliqué.
La députée considère que l’IVD nage à contre-courant. Un prolongement signifierait, d’après Héla Omrane, des dépenses supplémentaires pour les caisses de l’Etat. « L’IVD aurait dû avancer mieux que cela dans son travail », a-t-elle encore ajouté.

Rejet de Machrou3 Tounes et de Afek, face à la sourde oreille de Ben Sedrine
D’autres partis politique ont également réagi à l’annonce de Sihem Ben Sedrine, à l’instar de Macrou3 Tounes. Khawla Ben Aïcha, députée du bloc Al Horra de Machrou3 Tounesk, a affirmé à Réalités Online que l’initiative de l’IVD est « hors la loi ». De plus, l’instance ne pouvait pas prendre une telle décision avec un conseil incomplet.
« Nous attendons l’issue de la réunion du bureau de l’ARP, prévue pour lundi 5 mars 2018, sur le sujet. Si aucune décision n’est prise, nous réagirons en tant que bloc parlementaire », a ajouté la députée.
Même tendance du côté de Afek Tounes, qui, par le biais de son bloc parlementaire, a annoncé son rejet de l’initiative de Sihem Ben Sedrine. D’ailleurs, Lilya Ksiksi, députée de Afek Tounes, a annoncé dans une déclaration à l’agence TAP ce jeudi qu’un recours sera déposé ce 1er mars 2018 auprès du Tribunal Administratif contre la décision de Sihem Ben Sedrine.
Sihem Ben Sedrine semble continuer à diviser, en gardant les mêmes adversaires et ses soutiens de toujours : Ennahdha et probablement le Front Populaire. Isolée au fond de son Instance, la présidente enchaîne les violations dans l’impunité totale. Elle risque, néanmoins, avec son coup de la prolongation et des archives, de mettre un terme à son propre travail. Mais tant qu’elle profite du soutien d’Ennahdha, elle n’a visiblement rien à craindre.

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