Certains secteurs économiques dans notre pays sont en train de recouvrer une santé relative et même de connaître une relance et un redéveloppement de leurs activités, après avoir connu une crise aiguë ces dernières années.
C’est le cas du secteur touristique, du textile-habillement ainsi que celui du cuir et de la chaussure.
Durant la période de crise qui correspond aux années 2011-2016, il y a des centaines d’entreprises qui ont fermé, d’autres qui ont réduit leurs activités face aux difficultés et ont procédé à des licenciements massifs ayant contraint souvent un personnel qualifié à émigrer ou à quitter le secteur et à se reconvertir pour retrouver un emploi décent. Ainsi, des compétences professionnelles confirmées disposant d’expériences réelles ont-elles été perdues à jamais pour le secteur d’activité concerné.
Parallèlement à cela, les établissements et institutions de formation professionnelle correspondants ont connu une désaffection de la part des candidats à la formation avec une baisse notable des effectifs. En outre, on ne peut pas dire que les centres de formation ont été bien entretenus et bénéficié d’une maintenance et d’une rénovation correctes durant ces dernières années.
Il s’agit des centres de formation professionnelle dépendant du ministère de la Formation et de l’emploi, ainsi que des écoles régionales de tourisme jumelées avec les hôtels d’application.
Avec la relance du secteur touristique en 2018, qui se confirme cette année, les hôteliers sont confrontés à une pénurie de main-d’œuvre qualifiée, ce qui constitue un obstacle à des prestations de services de qualité.
Il en est de même pour l’industrie du textile-habillement qui connaît une nette reprise des exportations et doit recruter des profils rares sur le marché de l’emploi.
C’est pourquoi des dispositions multiples sur le plan régional et des procédures différentes au niveau sectoriel peuvent et doivent être prises pour trouver des solutions pratiques et efficaces afin de former les profils nécessaires au bon fonctionnement des entreprises. En même temps, cela permet de réduire le chômage dans le secteur et la région par le recrutement de jeunes sans emploi ni diplômes. L’originalité des formules réside dans la rapidité des formations, l’adaptation à des besoins spécifiques et le recrutement immédiat des intéressés.
C’est ainsi que récemment, les hôteliers de Monastir ont ressenti un manque de main-d’œuvre qualifiée en prévision d’une haute saison touristique prometteuse portant sur 1000 emplois. C’est pourquoi les responsables du commissariat au tourisme, la Fédération régionale des hôteliers, ainsi que la Direction régionale de l’emploi et de la formation professionnelle se sont réunis avec les représentants de “Tunisia JOB” pour décider l’organisation d’un programme de formation accéléré destiné à 1000 jeunes dépourvus de diplômes universitaires.
C’est l’école régionale de tourisme qui abritera les cycles de formation allant de 15 jours à un mois, financés par Tunisia JOB.
Les hôteliers s’engagent à les recruter à la fin du cycle selon un contrat de travail. Les spécialités retenues sont la cuisine, la restauration, le bar et les services de nettoyage.
La durée prévue porte sur les mois d’avril et mai et le recrutement interviendra tout de suite après. C’est un programme-pilote qui mérite d’être dupliqué dans toutes les régions touristiques.
Dans le gouvernorat de Bizerte, plusieurs chefs d’entreprises offshore impliqués dans le secteur du textile-habillement avaient décidé déjà en 2018 sous la pression de la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, de créer un centre de formation avec un programme spécifique, conforme à leurs besoins.
Dans notre pays, où le taux de chômage dépasse les 15% avec plus de 600.000 sans emploi comportant un taux élevé pour le noyau dur, il est paradoxal de constater que près de 200.000 offres d’emploi demeurent insatisfaites.
Il y a là une anomalie structurelle dans notre marché de l’emploi pour laquelle des solutions appropriées doivent être apportées à moyen terme.
Les profils et les compétences recherchés ne satisfont pas sur le marché de l’emploi, l’offre demandée. Cela pose avec acuité le problème aigu de l’employabilité des demandeurs d’emploi et de l’adaptation des formations et des spécialités à la demande des entreprises.
Cette situation est aussi préjudiciable aux demandeurs d’emploi qu’aux entreprises qui ne trouvent pas les cadres nécessaires pour réaliser leurs projets de développement afin d’atteindre leurs objectifs. Cela nous impose la nécessité de diversifier et de multiplier les formules et les initiatives.