Bien qu’urgent, l’adoption du projet de loi sur la protection des dénonciateurs de la corruption traîne et l’ARP s’est embourbée dans des reports de session à n’en plus finir. En effet, le projet a été présenté, mardi 21 février 2017 lors d’une séance plénière, mais a suscité des critiques de la part des députés, ayant proposé des modifications.
Selon le député de l’Union Patriotique Libre, Taoufik Jomli, ces modifications concernent l’unification de la destination de la dénonciation, qui devrait être l’Instance Nationale de Lutte Contre la Corruption, et de durcir les sanctions à l’encontre de ceux qui osent dévoiler l’identité du dénonciateur ou exposer sa vie au danger et enfin la levée des conditions empêchant le dénonciateur de s’adresser aux médias.
Critiquant ce projet, le président de l’INLUCC, Chawki Tabib, a considéré, dans une interview accordée à Assabah, que le projet de loi proposé par le gouvernement était en dessous des espérances et qu’il était déçu malgré sa contribution à la commission nationale chargée de l’élaboration de la loi. Chawki Tabib a indiqué que, par exemple, la loi stipule que le dénonciateur devrait déposer sa dénonciation auprès de la structure publique, étant à la base objet de la corruption. D’autre part, il a cité le fait d’exclure les institutions sécuritaire et militaire de l’opération de la dénonciation ainsi que les sanctions très tolérantes vis-à-vis de ceux qui agressent ou menacent les dénonciateurs. En résumé, il s’agit d’une loi qui dit « Gare à toi si tu dénonces la corruption« , selon Chawki Tabib. Ce n’est donc pas une loi qui protège les dénonciateurs, ce qui a nécessité sa révision pour y apporter les modifications nécessaires. Il a ajouté qu’au cas où les députés renoncent à ces modifications, cela prouvera la crainte de l’existence de lobbies qui freinent la lutte contre la corruption.
D’un autre côté, Chawki Tabib a considéré que Youssef Chahed a exprimé sérieusement sa volonté de soutenir le processus de lutte contre la corruption, mais, que d’autres parties, proches de lui au sein du gouvernement, le soumettent à des pressions, auxquelles il ne devrait pas céder.