Lors d’un discours prononcé dans le cadre d’une cérémonie organisée ce lundi 13 août 2018 au Palais de Carthage à l’occasion de la fête nationale de la femme, le président de la République Beji Caid Essebsi a appelé l’ensemble des tunisiens à consulter la Constitution tunisienne indiquant qu’il a remarqué que plusieurs protestataires qui observent de temps à autre des marches et des sit-ins, ne semblent pas connaitre suffisamment les articles de la Constitution ou encore le rapport de la commission des libertés individuelles, COLIBE.
Le chef de l’Etat a dans ce contexte rappelé que l’article 2 de la Constitution, qui ne peut faire en aucun cas l’objet de révision, stipule que « la Tunisie est un État civil, fondé sur la citoyenneté, la volonté du peuple et la primauté du droit ».
Le président de la République a indiqué que la Constitution tunisienne est au dessus de tout et doit être considérée comme un repère par l’ensemble des tunisiens indépendamment de l’ensemble des autres idéologies.
Il a également rappelé que l’article 21 et de l’article 46 de la Constitution stipulent respectivement que « les citoyens et les citoyennes sont égaux en droits et en devoirs. Ils sont égaux devant la loi sans discrimination. L’État garantit aux citoyens et aux citoyennes les libertés et les droits individuels et collectifs. Il leur assure les conditions d’une vie digne. Et que l’État s’engage à protéger les droits acquis de la femme et veille à les consolider et à les promouvoir. »
Le président de la République poursuivra à lancer des messages et des piques à l’intention de ses détracteurs qu’il dit ignorer et ne pas prendre en considération ce qu’ils disent. Et tout était dit sur un ton sarcastique dont il avait le secret. Dans ce contexte, il citera un exemple assez récent.
« Lors des manifestations de samedi, l’un des protestataires « les plus brillants » (NDLR: sur un ton sarcastique), s’est demandé quant aux raisons de l’immixtion du président de la République dans ce genre de questions (NDLR: en référence au rapport de la COLIBE), ajoutant que le chef de l’Etat n’est responsable que des affaires étrangères et de la Défense Nationale. Pour moi, ce qu’a dit cette personne ne m’intéresse nullement. Je me réfère uniquement à la Constitution tunisienne que je connait par cœur et dont le 72è article affirme que le Président de la République est le Chef de l’État et le symbole de son unité. Il garantit son indépendance et sa continuité et veille au respect de la Constitution. » a-t-il lancé.
Beji Caid Essebi a rappelé qu’il est appelé à respecter et à faire respecter la constitution.
« Quand on parle de la constitution on ne parle pas d’autres idéologies. Tout mouvement et toute personne pourrait avoir une idéologie propre à lui/ elle. L’idéologie qui nous réunit tous n’est autre que la constitution, soit la volonté du peuple (…) La Constitution est claire et nette quant à la question de l’égalité Femme/homme. L’année dernière nous nous sommes engagés à revoir les libertés individuelles et nous avons même proposé d’élaborer tout un code portant sur ces libertés. On aurait pu annoncer l’égalité dans l’héritage entre les deux sexes depuis le 13 août 2017, mais je suis une personne responsable de tous les citoyens et de la constitution même. Le président de la République est le symbole de l’unité du peuple et non le contraire. Je savais parfaitement que bien que la Tunisie soit un Etat civil, le peuple a son mot à dire. Et ce peuple est musulman et un bon dirigeant doit prendre ce détail en considération et s’il compte entamer une quelconque réforme, il doit tout d’abord veiller à ne pas heurter la sensibilité de son peuple et ne doit en aucun cas le provoquer, et c’est dans ce contexte que nous avons eu l’idée de former une commission pour étudier les dispositions adéquates pour faire en sorte que les réformes que l’on propose ne soient pas opposées aux sentiments et aux choix du peuple tunisien. Et je crois que cette commission a fait un travail positif et profond sur les plans: juridique, philosophique, déontologique. Et heureusement que ce rapport a été publié afin qu’il soit l’objet d’examen, de critique et autre…« a-t-il expliqué.
Il a par ailleurs rappelé que le rapport de la COLIBE n’est pas une loi, mais plutôt un effort intellectuel, déontologique et artistique, qui pourrait être pris en considération en cas de besoin pour envisager des réformes.