Quand la danse vient au secours de l’eau

Baptisée « Eau secours », la chorégraphie musicale créée et mise en scène par la chorégraphe  tunisienne Nawel  Skandrani, est actuellement présentée sur les scènes tunisiennes. Après Sfax et le Kef, le spectacle est venu occuper les planches du cinéthéâtre Le Rio de Tunis, jeudi 27 mars.

Il fait sombre, des bruits sourds d’eau qui coule résonnent dans la salle du cinéthéâtre. Sur le mur est projetée une parcelle de terre, desséchée. C’est sur cette première image que commence la chorégraphie musicale « Eau secours », mise en scène par la chorégraphe tunisienne, Nawel  Skandrani. Loin de tout relativisme politiquement correct, ce spectacle, au nom évocateur d’urgence et de mobilisation, est un appel à la prise de conscience. Organisé avec l’appui de l’Institut français de Tunisie (IFT)  et le soutien de l’Agence française de développement (AFD), « Eaux secours » a été présenté au public tunisien, pour la première fois, en juillet 2013, lors du Festival international de Hammamet. Depuis, la troupe enchaîne les représentations, avec succès.

 

Un don de la nature

« Qui a dit que l’eau était incolore, inodore et sans goût…? », ce message audio vient installer le cadre, dès le commencement du spectacle. L’eau ne doit pas être banalisée. C’est une richesse. Un don de la nature «rare, fragile et éternel». Sur scène, une dizaine de danseurs. Tous se mettent au service de la même cause, faisant en sorte que leur corps soit porteur d’un seul message : protéger l’eau.  Si, le début de la chorégraphie se voulait calme et vaporeux, rapidement, les danseurs s’animaient au rythme de l’accompagnement musical, à base de percussions et de chants traditionnels.  À travers les jeux des corps, les mouvements venaient tour à tour représenter l’eau dans tous ces états : mettant en avant sa fragilité, sa sensualité,  sa force ou encore son caractère insaisissable. Tantôt calmes, tantôt déchaînés, les corps des danseurs transmettaient l’angoisse du manque d’une ressource tarissable.  Au-delà de l’eau pour rassasier une soif, la chorégraphie nous rappelle ici que l’eau est aussi synonyme de dignité –entendez propreté-, et de vie.

La chorégraphie a été ponctuée d’interventions orales de quelques-uns des danseurs. Tous racontaient leur rapport à l’eau. « On n’a jamais manqué d’eau pour faire la vaisselle », racontait l’une des danseuses de nationalité française. « L’eau est à nous, mais pas vraiment, parfois on en a, parfois ils nous la coupent », confiait une autre danseuse de la troupe, venue de Jérusalem. Des animations visuelles venaient également appuyer le message de la chorégraphie. Des images d’eau coulant à foison contrastaient avec des parcelles de terres sans vie, entièrement desséchées. Parmi les problématiques traitées, on retrouve les thèmes inhérents à l’eau au 21e siècle, qui sont, tristement tous connotés négativement : pollution, réchauffement climatique, conflits liés à la pénurie d’eau, notamment avec un accent fort mis sur le conflit israélo-palestinien. L’art se veut ici, avant tout, un moyen de communication pour protéger et défendre les ressources naturelles. Et, une fois sorti de la salle de spectacle, la métaphore de l’or bleu, prend alors tout son sens.

Céline Masfrand

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