Ô combien sont nombreuses les lacunes du système éducatif en Tunisie. Les réformes engagées par le ministère de l’Éducation vont-elles suffire à le remettre sur pieds ? Le temps nous le dira. Néanmoins, il y a des problèmes très graves qui méritent actions. Les réformes à elles seules ne suffisent pas : il existe un vrai souci de mentalité et de conscience, notamment dans les écoles primaires.
Le poignant témoignage d’une mère de famille à Réalités Online devrait nous pousser à nous poser des questions sur les instituteurs eux-même. Si le niveau de la plupart de nos bambins à l’école laisse à désirer, c’est en partie à cause du manque de sérieux des enseignants. Le drame se déroule actuellement, et comme chaque année, semble-t-il, dans l’école primaire Okba Ibn Nafaa à Carthage Byrsa.
« Ma fille est inscrite en quatrième année. L’institutrice de la langue française ne s’occupe, dans la classe, que des écoliers qu’elle reçoit chez elle pour les cours particuliers. Et encore, ce n’est pas tout : elle propose trois « tranches » de groupes. Le premier, le plus cher (100 TND), compte deux élèves. C’est le groupe des privilégiés. Les deux autres, c’est entre 80 et 50 TND et comptent un nombre plus importants d’élèves. Avec un tel tarif, l’institutrice accordera moins d’attention aux petits écoliers, mais elle leur témoignera tout de même une certaine bienveillance en classe. En d’autres termes, plus on paie, mieux les petits seront pris en charge par l’institutrice ».
Des enfants sacrifiés
La maman désespérée, n’a eu d’autres choix que de mettre la main dans les poches pour garantir à sa fille les « faveurs » de l’institutrice.
Faut-il être riche, aujourd’hui, pour pouvoir offrir à ses enfants une éducation digne de ce nom ? Il semble que oui, à bien des égards, y compris dans le secteur public ! Le cas de la petite écolière de Carthage Byrsa n’est pas inédit. Il y en a plusieurs, d’autant plus que la loi interdit les cours particuliers.
Où va-t-on ? Pourquoi sacrifier une jeune génération dont l’avenir s’annonce d’ores et déjà difficile avec la crise qui secoue actuellement la Tunisie ? C’est un véritable crime et les responsables ne sont autres que les instituteurs qui ont accepté de vendre leurs âmes au Diable pour gagner quelques dinars de plus au détriment de la formation des futurs citoyens.
C’est une honte pour l’éducation tunisienne. Noble est le métier de l’instituteur. Seulement, la mentalité et le manque de conscience des professionnels risquent de lui ôter sa noblesse.
Les autorités concernées, à savoir le ministère de l’Éducation, doivent impérativement se mobiliser pour limiter ces pratiques et remettre les choses en place. Et là, le chantier s’annonce gigantesque…
Gammoudi Mastouri et son syndicat doivent être les premiers à réagir et agir.
M.F.K