Quand les députés veulent rappeler leur existence

Pour beaucoup de citoyens, d’observateurs et d’acteurs politiques, l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) est plutôt considérée comme un frein si l’on prend en compte les nombreux de projets de lois bloqués et qui sont encore dans les tiroirs. On pense notamment à la loi d’urgence économique dont on a même oublié l’existence.
Mais pas seulement : l’ARP a aussi constitué un frein à l’installation des instances constitutionnelles pourtant vitales à la démocratie tunisienne. C’est le cas, à titre d’exemple, de la Cour Constitutionnelle qui n’a toujours pas été installée 5 ans après l’adoption de la Constitution du 27 janvier 2014, et c’est sans compter le blocage au niveau de l’élection des membres de l’Instance Supérieure Indépendante pour les Elections (ISIE) alors que nous nous approchons des échéances électorales de 2019.
Pour rappeler l’existence de l’Institution qu’ils ont bafouée, les députés de l’ARP se sont empressés de constituer des commissions d’enquête à tout-va. Et là encore, cette initiative, aussi louable soit-elle, n’a pas été couronnée de succès dans la plupart des cas. Depuis sa création, la commission d’enquête sur les réseaux d’embrigadement des jeunes pour le djihad travaille à pas de tortue, en proie, selon certains membres à l’instar de la députée nidaïstes Fatma Mseddi, aux tentatives d’Ennahdha de s’en emparer. D’ailleurs, la commission devait présenter son rapport d’activité en 2019, mais aucun document n’a été présenté à l’heure actuelle.
Le dernier rejeton des commissions d’enquête devrait voir le jour bientôt selon le député du Courant Démocratique Ghazi Chaouachi. Cette nouvelle formation devrait se pencher, selon le député qui s’est exprimé ce mercredi 30 janvier 2019 sur Mosaïque FM, sur la question du déficit commercial. L’objectif est d’apporter des solutions concrètes à cette problématique macroéconomique qui ronge l’économie tunisienne depuis 2011. On se demande ce que cette dernière commission va pouvoir apporter sur le sujet, sachant que les élections législatives devraient avoir lieu d’ici novembre 2019. On aimerait également savoir si elle va réellement travailler sur le déficit commercial pour tenter d’apporter de véritables solutions, contrairement à ce que nous avons observé pour les commissions qui ont précédé. Ou alors, il ne s’agirait que d’une manière pour les députés de « rappeler » leur existence sur la scène politique, histoire de montrer qu’ils sont en train de travailler. Seulement, ce qui compte, ce sont les résultats et des résultats, en 5 sessions parlementaires, nous en avons vus peu, très peu.

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