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Des manifestations et des émeutes ont secoué l’Autriche, la Belgique et les Pays-Bas après l’annonce de nouvelles mesures sanitaires pour enrayer la 5e vague de coronavirus. Le reste de l’Europe est prévenu.
Marche à Vienne, émeutes aux Pays-Bas et en Belgique, barrages et pillages en Guadeloupe : la situation se tend dans les pays européens, touchés par une cinquième vague de Covid-19. Ceux ayant annoncé de nouvelles restrictions pour enrayer l’explosion des contaminations ont été, ces derniers jours, le théâtre de manifestations. Et, pour certains, de troubles à l’ordre public.
Face à la progression fulgurante de l’épidémie, d’autres gouvernements pourraient procéder à un tour de vis sanitaire. Mais ils sont prévenus : « Des mesures contraignantes, comme des couvre-feux avec des fermetures de bars plus tôt suffisent, dans certains cas, à déclencher des manifestations de mécontentement », relève Patrick Zylberman, professeur d’histoire de la santé à l’École des Hautes Etudes en Santé Publique et auteur d’Oublier Wuhan. Essais sur l’histoire contemporaine des crises sanitaires (La Fabrique Éditions, 2021).
Aux Pays-Bas, les trois jours d’émeutes contre les forces de l’ordre, dans plusieurs villes, font ainsi suite au renforcement de l’usage du passe sanitaire et à la fermeture, dès 20 heures, des bars et restaurants. Des mesures imposées par les autorités alors que le pays connaît un record de nouvelles infections quotidiennes – 19 700 samedi. « Ce que nous avons vu ce week-end, c’est de la pure violence », a réagi le Premier ministre, Mark Rutte, comparant les auteurs à des « idiots ». Le quotidien De Volkskrant évoque, lui, des « hooligans », privés d’accès aux matchs de football, et des populations « jeunes » cherchant avant tout à s’en prendre à la police.
Il s’agit d’un bis repetita pour les Pays-Bas, où les libertés publiques sont un sujet sensible. Déjà, en janvier dernier, l’annonce d’un couvre-feu avait provoqué plusieurs soirées d’émeutes et mener à l’arrestation de plus de 500 individus. En partie mineurs, ceux-ci provenaient de milieux très différents : des jeunes désoeuvrés, d’autres issus des mouvements libertaires ou de mouvances complotistes.
*Manifestation sans heurts en Autriche
En Belgique, les violences à l’égard les forces de l’ordre, dimanche, sont intervenues à l’issue d’une manifestation pacifique contre la généralisation du port du masque et alors que le gouvernement envisage de rendre le télétravail obligatoire pour ceux qui le peuvent. La veille, en Autriche, 40 000 personnes étaient descendues pour protester contre la vaccination obligatoire contre le Covid-19 et le retour à un confinement général. Dans le cas autrichien, le rassemblement a été organisé à l’appel du parti d’extrême droite FPÖ. Mais il s’est déroulé dans le calme.
D’un pays à l’autre, les motivations ne sont pas tout à fait les mêmes et ont des causes multiples. « Tous les mouvements de protestation n’ont pas les mesures sanitaires pour raisons principales, celles-ci ne sont parfois qu’un prétexte, comme en Guadeloupe », constate Patrick Zylberman. Sur l’île des Caraïbes, pillages, barrages et violences ont été déclenchés par l’obligation faite aux soignants de se vacciner. Mais ils sont l’expression d’une crise sociale plus profonde, marquée par la suspicion à l’égard des décisions prise depuis Paris et un taux de chômage important – 17% des Guadeloupéens sont sans-emploi, un taux deux fois supérieur à celui de la métropole, selon l’Insee.
En France métropolitaine, les manifestations hebdomadaires contre les mesures vaccinales ont rassemblé plus de 200 000 personnes au milieu de l’été et sont restées pacifiques. Puis leurs rangs se sont petit à petit dégarnis, pour ne plus compter que 29 000 manifestants, selon le ministère de l’Intérieur, le 6 novembre dernier. L’exemple de l’Autriche, de la Belgique et des Pays-Bas montre que le mouvement pourrait grossir dans l’Hexagone si le gouvernement décide de nouvelles mesures, face à la remontée des contaminations.
(L’Express)