17 décembre : six ans après, que reste-t-il de la Révolution ?

« Il y a six ans, jour pour jour, l’étincelle de la Révolution Tunisienne a éclaté avec l’immolation par le feu, en signe de désespoir, de Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid, berceau du printemps arabe…. ».
Six ans plus tard, la Tunisie est plongée dans une crise sociale, politique et économique sans précédent. Le tout est couronné par une menace terroriste comme nous n’avions jamais connu auparavant.
Il y a six ans,  une incroyable vague de patriotisme avait submergé le pays se propageant à travers toutes les régions, et la contagion révolutionnaire gagna du terrain, jour après jour, pour atteindre la capitale. La colère des manifestants grondait.« DEGAGE », résonnait comme une symphonie dans l’artère principale de Tunis. Le ministère de l’Intérieur, en était la cible et à travers lui tout ce qu’il représentait du régime de Ben Ali.
Un enchaînement d’événements qui avait conduit au départ forcé de ce dernier, le 14 janvier 2011. Ce qui s’était passé au cours des six années qui ont suivi, nous le connaissons tous : instabilité politique, élections de 2011, assassinat de Chokri Belaid le 6 février 2013, suivi de Mohamed Brahmi le 25 juillet de la même année, la troïka, le dialogue national, les premières élections libres de 2014, etc.

Une jeunesse déçue
Aujourd’hui, force est de constater à quel point ce que l’on appelle « révolution » a été un fiasco. On l’appelait également la révolution de la dignité et des jeunes. Mais qu’en reste-t-il ? Hormis un brin de démocratie chèrement acquise et une liberté d’expression lourdement payée, il est difficile de pouvoir entrevoir autre chose en fouillant dans le gigantesque océan d’événements post-révolution. Le chômage n’a eu de cesse d’augmenter. Au troisième trimestre 2016, selon l’Institut National de la Statistique (INS), le taux de chômage s’est établi à 15,5% de la population active. Parmi ces derniers, un grand nombre de chômeurs diplômés de l’enseignement supérieur. Un chiffre énorme, frappant la tranche de la population qui s’était pourtant battue en première ligne pour faire chuter la dictature.

Un brin de démocratie
La révolution nous a permis, comme souligné plus haut, d’acquérir un brin de démocratie. Une nouvelle Constitution est adoptée annonçant la deuxième République. Un nouveau régime politique est instauré. semi-parlementaire, semi-présidentiel, parlementaire? On peine, aujourd’hui, à trouver le nom adéquat pour qualifier le régime de la deuxième république. Béji Caïd Essebsi, actuel président de la République, a, certes, été élu démocratiquement en 2014. Mais dans la pratique, quelle est la place de la démocratie en Tunisie ?
le tunisien est, aujourd’hui, désabusé, déçu. Il s’est soulevé dans l’espoir de s’assurer un meilleur avenir économique, mais le voilà pliant sous le poids du chômage. Il s’est farouchement battu, payant de son sang, pour la mise en place d’une démocratie, mais celle-ci peine, aujourd’hui à décoller. Un long chemin parsemé d’embûches reste à parcourir, en somme.
Six ans après le tunisien est confronté à un débat politique stérile, une économie en faillite et un climat social explosif. Faut-il pour autant croire que les objectifs de la révolution sont derrière nous? Nullement, à condition de dépasser certains clivages notamment celle de cette surenchère sur la date de la révolution.

M.F.K

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