Le palais de Carthage connait une activité intense et un mouvement inhabituel en période normale.
Après la constitution du gouvernement d’union nationale et toutes les consultations qui l’ont accompagné, on pensait que le calme allait s’installer et que Chahed et son équipe allaient s’atteler à prendre en charge les grands dossiers hérités et résoudre les problèmes en suspens. Il faut avouer que la transition n’était pas de tout repos et le nouveau chef du gouvernement s’est retrouvé rapidement dans le chaudron. Rien que la gestion de l’affaire Petrofac, ses péripéties et les risques qu’elle faisait courir au pays n’était pas simple.
Juste pour rappel, si l’aboutissement était heureux pour les protestataires de Kerkennah, il n’en est pas de même pour l’Etat dont l’image s’est davantage écorchée du fait du véritable coup de boutoir reçu à l’occasion ni pour le gouvernement qui a dû faire marche arrière pour sauver la situation. Le risque d’effet boule de neige reste entier.
Aujourd’hui, BCE reprend son cycle de consultations. Normal diront certains pour un président de la République d’agir de la sorte. Sauf que tout laisse croire que le chef de l’Etat prépare une nouvelle initiative.
De quoi s’agit-il ? Sûrement pas d’un nouveau gouvernement, BCE n’étant pas prêt de lâcher Youssef Chahed qu’il veut voir réussir à tout prix. Un remaniement ? Invraisemblable, les nouveaux ministres n’ont pas eu le temps de faire leur preuve.
Après avoir œuvré, avec la complicité de Rached Ghannouchi, à évincer Habib Essid et constitué le gouvernement d’union nationale, Beji Caïd Essebsi s’attelle à assurer les moyens de la réussite pour son poulain. Cheikh Rached est aux avants- postes et il vient lui-même de renouveler sa confiance en le chef du gouvernement.
BCE est, en fait, en train, d’engager une large consultation pour constituer un grand bloc politique, qui serait une sorte de ceinture de soutien au gouvernement.
Ce bloc aiderait Chahed à engager les réformes structurelles économiques au cours de la prochaine étape. Et Beji n’y va pas par quatre chemins. Il invite tout le monde : Mongi Rahoui, des députés de Nidaa, des personnalités politiques de tous bord et même des ministres du gouvernement Essid. L’important c’est le résultat : créer cette base de soutien à Chahed et l’objectif, en définitive est noble, aider le gouvernement en place à faire sortir le pays du bourbier dans lequel il se trouve.
Pour ce faire, le président de la République essaie de s’assurer du soutien de l’UGTT et de l’UTICA et l’initiative sera incessamment annoncée.