Quel est le prix de l’ALECA ?

La Tunisie a entamé officiellement les négociations avec l’UE pour un accord de libre échange complet et avancé. Le lancement de ses négociations a suscité, comme on aurait pu l’imaginer, d’importants débats et controverses de la part des acteurs politiques et économiques. Pour certains, il s’agit d’une importante opportunité qui permettrait à notre économie de mieux pénétrer le marché européen et d’ouvrir de nouvelles perspectives à nos entreprises.

D’autres, ne sont pas de cet avis et considèrent que cet accord de libre-échange va mettre en difficulté notre économie et aura un impact négatif sur notre tissu productif.

Ce débat ne saura baisser d’intensité et la controverse pourra même monter d’un cran au fur et à mesure que les négociations vont avancer. Mais en dépit de leur intérêt, ces débats sont teintés d’idéologie et d’a priori, sans qu’aucune partie ne soit en mesure d’avancer des données précises sur l’impact de ces négociations.

Au coup, on reste dans le domaine des affirmations générales et de données parcellaires qui ne sont étayées par aucune étude précise.

Or, comme nous le savons, l’analyse est l’étude de l’impact d’un accord commercial et le point de départ de toute stratégie de négociation commerciale. En effet, ces études permettent d’analyser l’impact de l’accord commercial et d’envisager différents scénarii de négociation, afin de minimiser les effets négatifs sur l’économie nationale et d’assurer le plus grand bénéfice.

Par ailleurs, ce domaine a connu durant les dernières années un important développement théorique et méthodologique.

En effet, la multiplication des négociations commerciales multilatérales, régionales et bilatérales dans le contexte de la globalisation et d’une grande ouverture des économies nationales a été à l’origine du développement de la recherche économique dans ce domaine et de l’affinement des outils méthodologiques afin de mesurer de la manière la plus précise l’impact des négociations commerciales.

Pour l’ALECA, c’est l’IACE qui vient de publier les premières études d’impact lors de sa manifestation annuelle, Le Tunis Economic Forum, organisée les 27 et 28 mai derniers à Tunis. L’Institut nous a présenté deux séries de résultats.

La première est relative à l’impact de l’ouverture de notre économie et plus particulièrement l’étude a cherché à identifier les conditions à réunir pour les trois secteurs économiques, l’agriculture, l’industrie et les services, afin de bénéficier de l’ALECA. Cette étude a montré que cet accord ne sera pas de tout repos pour notre économie et qu’il faudrait réunir d’importantes conditions, afin que nous puissions tirer profit de cette nouvelle étape dans la libéralisation de nos échanges.

La seconde étude est relative à un indice de perception des entreprises de ces accords. Et, les résultats de cet indice qui sera calculé de manière semestrielle, ne sont pas sans rapport avec la première étude.

En effet, la perception est plus négative dans les secteurs qui seront les plus touchés et pour lesquels notre économie ne dispose pas d’avantages compétitifs par rapport aux entreprises européennes.

Ainsi, la perception est plutôt négative dans le secteur agricole et moyenne dans les services et plutôt positive dans le secteur industriel.

La publication de ces études quantitatives est importante, car elle nous permettra de sortir du domaine des hypothèses pour commencer à comprendre l’impact de cette libéralisation sur notre économie. Il est important de poursuivre ce travail d’analyse car seules ces études nous permettront de définir les stratégies de négociations adéquates, afin de mettre ses accords au service de notre transition économique.    

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